A partir d'aujourd'hui, les salons du palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, seront ouverts aux écrivains chaque samedi matin pour débattre de la littérature algérienne et mondiale. Mawid maâ al riwaya (Rendez-vous avec le roman) sera animé par le romancier Samir Kacimi. D'autres rendez-vous culturels hebdomadaires sont programmés les prochaines semaines au même endroit. «En plus du roman, nous allons ouvrir un espace dédié à la poésie qui sera animé par Lamis Saïdi et un autre pour le cinéma. C'est une manière d'approfondir le débat sur l'écriture littéraire et sur la création cinématographique», a annoncé, hier matin, Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, lors d'une conférence de presse au palais de la Culture Moufdi Zakaria. Selon lui, le roman est une forme littéraire qui s'impose actuellement partout dans le monde. D'où l'intérêt d'en débattre. «Les nouvelles voix algériennes de la littérature auront l'occasion d'assister et de s'exprimer lors de ce rendez-vous. Il en est de même pour les écrivains consacrés et connus. Nous allons inviter des auteurs arabes et étrangers, avec un rythme d'un invité par mois. En plus des écrivains, des invitations seront adressées aux poètes et cinéastes», a ajouté Azzedine Mihoubi, insistant sur le caractère permanent de ces espaces de débat. Il a appelé la presse culturelle nationale à accompagner d'une manière continue ces activités. Samir Kacimi a indiqué que l'invité étranger sera accueilli à la fin de chaque mois après l'organisation de trois rendez-vous. Le premier est prévu aujourd'hui autour de la thématique du roman et du terrorisme. Seront invités à en débattre le romancier Amine Zaoui, les journalistes et écrivains H'mida Layachi et Hamid Abdelkader, ainsi que l'universitaire Rachid Kourad. Le 13 février, le débat sera concentré sur la poésie et le roman avec la présence des écrivains Abderrazak Boukeba et Mohamed Djaffar, du poète Nacer Bakria et de la romancière Rabéa Djalti. Pour le 20 février, l'histoire et le roman seront la thématique centrale d'un débat animé par l'écrivain et chercheur en histoire Mohamed Meflah, le journaliste et écrivain Ismaïl Yabrir, le romancier Abdelwahab Aïssaoui, et le critique Lounis Benali. «On dit souvent que le roman historique est celui qui aborde l'histoire. Or, il est établi aujourd'hui que tous les romans sont historiques. Il y a des concepts qui changent. Et les techniques d'écriture romanesque évoluent. Inviter des écrivains étrangers va permettre d'avoir des échanges riches et motiver ceux qui veulent écrire. Ecouter les expériences des autres est important», a-t-il estimé. Samir Kacimi a dressé un inventaire complet de tous les intervenants dans le champ littéraire en Algérie. «J'ai une liste contenant plus de 150 noms. Je me suis même intéressé à ceux qui ont écrit un seul texte ou qui ont publié leurs travaux à travers des associations activant dans les endroits les plus éloignés du pays. Nous avons donné la chance à tout le monde sans aucune exclusion», a-t-il affirmé. Selon lui, les portes sont ouvertes à des écrivains algériens connus et établis à l'étranger, comme Ahlem Mosteghanemi, Yasmina Khadra, Fadéla El Farouk et Boualem Sansal. Il a regretté le refus du romancier Bachir Mefti de participer au nouveau rendez-vous littéraire. «Nous voulons dans cet espace discuter autour du roman algérien. Se porte-t-il bien ? Va-t-il mal ? Si oui, pourquoi ? Le roman algérien est actuellement absent sur la scène internationale. Qu'on se distingue avec un roman ou deux, ce n'est pas suffisant. Dans les pays arabes, l'Algérie est le pays qui publie le moins de romans. Cette problématique doit être débattue et analysée. Les Algériens sont les seuls à ne pas être présents dans les ateliers d'écriture organisés dans les pays arabes. Peu de distinctions ont été obtenues par la littérature algérienne. Donc, où se situe la panne sur le plan artistique et esthétique ? On doit également discuter des paramètres qui permettent de définir un roman aujourd'hui», a souligné Samir Kacimi. Le rapport du roman au théâtre, la relation entre poésie et roman, le lien entre théâtre et roman, le rapport entre nouvelles et roman seront des thématiques qui seront discutées et explorées dans les prochains rendez-vous.