Le 3 février, El Hadj Mamed Benchaouch fêtait parmi les siens son 86e anniversaire à l'issue d'une carrière aussi brillante que discrète au service de la musique andalouse. Né en 1930 à La Casbah d'Alger, il fut très tôt imprégné de mélodies et de belles lettres par son père, professeur d'arabe et imam qui s'adonnait au chant religieux. Il a sept ans quand sa famille s'installe à Belcourt parmi des voisins prestigieux : Mohamed Lakhal (dit Bach Qaçad), joueur de kwitra et parent proche, Farid Oujdi, Ali Maloufi, ou encore El Hachemi Guerrouabi. En 1945, Saïd Bestandji l'introduit dans l'association El Hayat où il aura comme professeur Ahmed Sebti, dit Ahmed Chitane. Là, il se lie d'amitié avec Sid Ahmed Serri et Mahmoud Messekdji avec lesquels il partagera l'essentiel de son parcours artistique. C'est avec eux qu'une année plus tard il intégrera la classe de Abdelkrim M'hamsadji dans l'association El Djazaïria. Progressant rapidement, il entre en classe supérieure sous la houlette du maître Abderrezak Fakhardji auprès duquel il acquiert l'essentiel de son répertoire de noubate et autres pièces musicales. Il entre au Conservatoire en 1947 sous la direction du même professeur, lequel le sélectionne en 1952 pour faire partie du mythique orchestre de la station Radio Alger après la fusion des associations El Moussilia et El Djazaïria. En 1954, El Hadj Mamed Benchaouch obtient un premier prix du Conservatoire. L'activité musicale ayant périclité durant la guerre de Libération nationale, ce n'est qu'en 1967 que sa biographie signale le début de sa carrière d'enseignant du Conservatoire d'Alger, à l'annexe du Foyer Civique (Place du 1er Mai). En 1980, il est proposé pour remplacer Abderrezak Fakhardji à la tête de sa classe de musique andalouse, poste pour lequel il se dévoua jusqu'à sa retraite l'an dernier. Il a formé des générations de musiciens et professeurs de musique. Connu pour sa sérénité et sa douceur, il fut un pédagogue émérite, plus tourné vers la progression de ses élèves que sa propre carrière musicale, loin d'être négligeable et parfaitement reconnu dans le milieu artistique. Percussionniste à ses débuts (tar et derbouka), ce qui lui conféra une maîtrise exceptionnelle des rythmes, il a travaillé beaucoup avec Sid Ahmed Serri, Alice Fitoussi, Fadela Dziria et d'autres encore. Lors de son passage au Conservatoire, c'est le violon alto qui l'attirera et le fera connaître, notamment avec les associations El Fakhardjia, puis El Inchirah pour des soirées et enregistrements. Acteur respectable et figure émouvante de l'aventure artistique moderne de la musique andalouse dans notre pays, ses qualités professionnelles et humaines ont conduit plusieurs de ses élèves et admirateurs à souhaiter que nous lui rendions un hommage, d'autant plus justifié qu'il a toujours œuvré avec un impeccable talent et une immense humilité. El Watan se joint à sa petite et grande famille (celle des artistes) pour lui dire merci et lui souhaiter un joyeux anniversaire. Saha Cheikh !