Agé aujourd'hui de 84 ans, cheikh Mamed Benchaouch a œuvré durant un quart de siècle pour le bien de la musique andalouse. Cheikh Mamed Benchaouch fait partie de la longue liste des artistes algériens qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes à leur métier. Il a vécu pour un idéal, celui de servir la culture algérienne. Cheikh Mamed Benchaouch est un virtuose violoniste qui a côtoyé et accompagné les plus grands maîtres de la musique algérienne, à l'image de Mustapha Skandrani, Abdelkrim Dali, Dahmane Benachour, Sadek Béjaoui et Sid Ahmed Serri. Il a, en outre, enseigné au Conservatoire d'Alger de 1967 à 2014. C'est en reconnaissance aux efforts que cheikh Mamed a déployés tout au long de sa riche carrière que l'association des Amis de la Rampe Louni Arezki-Casbah et l'association culturelle andalouse Anadil El Djazaïr, lui ont rendu hommage, samedi soir, au palais de la Culture Moufdi Zakaria de Kouba, à Alger. L'auditorium n'a pas pu contenir tous les convives. En effet, des familles, des musiciens ainsi que d'anciens compagnons de cheikh Mamed Benchaouch sont venus assister à cet hommage placé sous le signe du souvenir et de la nostalgie. Parmi les présents, citons, entre autres, les musiciens Sid Ahmed Serri, Réda Bestandji, Mohamed Kheznadji, Smaïl Heni et Fazilet Diff. Après une brève prestation de la biographie du musicien, les invités ont pu se délecter, en cette fête du Mawlid Ennabaoui, de chants religieux déclamés sans orchestration par les 43 élèves de l'association El Anadil d'Alger. Pour rappel, cette prestigieuse association — dirigée par Youcef Ouznadji — a célébré en cette soirée commémorative sa 23e année d'existence. Le programme s'est poursuivi avec la classe supérieure de l'association par l'exécution d'une nouba rhaoui, sous la houlette du chef d'orchestre Hadjira Bouchelagham. Le musicien Mahmoud Hadj Ali s'est distingué, pour sa part, par une belle prestation, accompagné par les élèves de l'association El Anadil El Djazaïr. Place, ensuite, à ce poignant hommage rendu à cheikh Mamed Benchaouch. Ce dernier est invité à rejoindre la scène en compagnie de ses compagnons de toujours, à savoir Sid Ahmed Serri, Réda Bestandji et Mohamed Kheznadji. De l'émotion et la fierté se lisaient sur les visages de ces pionniers de la musique andalouse. Prenant la parole, le président de l'association des Amis de la Rampe Louni Arezki, Lounès Aït Aoudia, a rappelé les qualités intrinsèques de cet homme d'exception. De son côté, le musicien et musicologue Sid Ahmed Serri a indiqué qu'il a connu assez jeune Mamed Benchaouch puisqu'ils ont évolué ensemble au sein de la célèbre association El Djazaïria. «Nous avons fait un long et riche chemin ensemble», confie- t-il. Pour Mohamed Khaznadji et Réda Bestandji, Mamed Benchaouch reste un artiste de talent qui mérite beaucoup plus qu'un hommage. Ainsi, cheikh Mamed Benchaouch s'est vu remettre une médaille du mérite, un présent ainsi qu'un bouquet de fleurs. Bien qu'ayant décliné toute déclaration publique sur scène, il nous a cependant confié en aparté qu'il ne s'attendait pas à un tel honneur. «J'ai été informé de ce témoignage ce matin en me rendant à la cérémonie annuelle au mausolée de Sidi Abderrhamane, à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif. Cette considération me fait plaisir. J'ai commencé ma carrière musicale en 1937. Après 47 ans d'enseignement au sein du Conservatoire d'Alger, j'ai dû arrêter en 2014 à cause de petits soucis de santé. Ceci étant, je tiens à préciser que je me suis investi totalement dans ma passion pour la musique andalouse. J'ai continué à perpétuer l'école des frères Fakhardji», explique timidement ce digne représentant authentique de la musique çanâa.