En plein débat sur la déchéance de la nationalité pour des binationaux ayant commis des actes terroristes, le ministère de l'Intérieur français a enfoncé le clou en publiant un rapport sur le nombre de personnes radicalisées en France et susceptibles de passer à l'action terroriste à tout moment. Ainsi, selon le décompte des services de sécurité français (police et gendarmerie), plus de 8000 personnes, dont la majorité de confession musulmane, ont été signalées comme radicalisées en France depuis début 2016. De son côté, le ministère français de l'Intérieur a indiqué que ce nombre a doublé en neuf mois. En mars 2015, le nombre de radicalisés était de 4000 personnes. Parmi les 8000 personnes radicalisées, plus de 1600 (soit 20%) sont des mineurs qui ont quitté leurs foyers familiaux en cachette et avec l'aide de recruteurs terroristes travaillant pour le compte du groupe Etat islamique (EI). Le nombre d'adolescents a dépassé les 700. Mais ce que le rapport a montré de nouveau, c'est le nombre de filles victimes du discours islamiste, voire terroriste. 860 filles sont recensées comme étant radicalisées et prêtes à se rendre en Syrie pour rejoindre le groupe Daech. Auparavant, le nombre de filles souhaitant aller combattre contre le régime de Bachar était minime, mais la propagande de l'EI appelant les «sœurs» à venir prêter main forte à leurs frères hommes, notamment en se mariant avec eux, a fait exploser le nombre de ces radicalisées. Généralement, une fois sur place, les filles se marient avec les combattants et élèvent leurs enfants pour qu'ils prennent eux aussi un jour la relève de leurs pères terroristes. Et contrairement à l'idée répandue en Occident selon laquelle la radicalisation se passe à travers les réseaux sociaux, c'est le contact humain, dans 95% des cas, qui déclenche la radicalisation islamiste, note le ministère de l'Intérieur français. Ce contact humain a souvent lieu sous les barres d'immeubles des quartiers populaires des banlieues, en prison ou même dans certains lycées et centres de formation. Par ailleurs, il est judicieux de signaler que 38% des personnes radicalisées sont des convertis à l'islam. Autrement dit, ils sont français de souche et n'ont aucun lien avec la culture arabe ou musulmane. Un chiffre qui inquiète beaucoup les autorités françaises. Elles craignent que les prochains terroristes qui pourraient frapper la France soient eux-mêmes des Français. Pour prévenir la radicalisation religieuse, un numéro vert (Stop djihadisme) a été mis à la disposition des familles. Ces dernières peuvent appeler pour signaler un comportement suspect d'un de leurs enfants ou donner plus d'informations sur son comportement s'il s'avérait problématique. Mais ce moyen, bien qu'il apporte un peu d'aide et de réconfort aux parents puisqu'il a permis de signaler plus de 1500 cas inquiétants, ne règle pas totalement la question de la radicalisation. Englué dans le débat sur la déchéance de la nationalité, le Premier ministre français, Manuel Valls, ne cesse de répéter que cette mesure fera descendre le pourcentage des personnes qui penseraient éventuellement verser dans le terrorisme actif. Or, de nombreuses associations luttant contre la radicalisation estiment que cette mesure ne va rien changer, car celui qui se porte volontaire pour tuer ne va pas se soucier de perdre ou pas sa nationalité. Il a déjà perdu son âme.