Radicalisation ■ Une dizaine d'anciens militaires français ont rejoint des réseaux jihadistes, indique le ministère de la Défense français, en s'inquiétant surtout des risques de radicalisation au sein de l'armée. «On évalue à une dizaine aujourd'hui les anciens militaires qui ont pu être engagés dans ces réseaux-là», a déclaré hier mercredi une source au ministère, confirmant en partie des informations de la radio RFI et du quotidien L'Opinion. «Notre préoccupation, ce ne sont pas les anciens militaires (...), c'est de prévenir les phénomènes de radicalisation dans nos armées», a ajouté la même source. Après les précédents dans d'autres armées en Afghanistan, le ministère craint notamment que des soldats radicalisés puissent retourner leur armes contre leurs camarades ou utiliser leur savoir-faire en matière de tirs et d'explosifs dans des actions hors des casernes. La plupart des anciens militaires partis en Irak et en Syrie, issus pour certains des forces spéciales ou de la Légion étrangère, combattent dans les rangs du groupe Etat islamique, croit savoir RFI. L'un d'eux commande un groupe d'une dizaine de Français qu'il a formés au combat dans la région de Deir Ezzor (nord-est de la Syrie), selon la radio. «D'autres sont experts en explosifs (...). Il s'agit de jeunes d'une vingtaine d'années, certains convertis, d'autres issus de culture arabo-musulmane», indique également RFI sur son site Internet. Selon L'Opinion, l'un d'eux a servi au 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) de Bayonne (sud-ouest), un régiment d'élite de l'armée française rattaché au commandement des opérations spéciales, et y a suivi une formation de commando en techniques de combat, tir et survie. Deux semaines après les attentats de Paris au retentissement international, la France, soutenue par l'Union européenne, a dévoilé hier mercredi une série de mesures pour renforcer la lutte antiterroriste, combattre la radicalisation et mieux surveiller les jihadistes. Le Premier ministre Manuel Valls a souligné devant la presse le «défi redoutable» auquel était confrontée la France et «qui impose de prendre des mesures exceptionnelles» après les attaques qui ont fait 17 morts du 7 au 9 janvier. «En tout, ce sont près de 3 000 personnes à surveiller» dans le pays, en raison de leurs liens avec des jihadistes ou «des filières terroristes en Syrie et en Irak», a-t-il poursuivi, évoquant une envolée du nombre des personnes à suivre, notamment via «la sphère cyberjihadiste francophone». Le plan de renforcement de la «lutte contre le terrorisme» prévoit 425 millions d'euros d'investissements en moyens et en effectifs sur trois ans, a précisé Manuel Valls. Avec les frais de personnels, le fardeau s'élève à plus de 700 millions d'euros au total. Il sera «compensé» par des économies sur la dépense publique. Toujours sur trois ans, 2 680 emplois spécifiquement alloués à la lutte contre le terrorisme seront créés, notamment au bénéfice des ministères de l'Intérieur, de la Défense et de la Justice. R. I. / Agences Les prisons, lieux de radicalisation «Soixante aumôniers musulmans supplémentaires» seront recrutés pour les prisons, s'ajoutant aux 182 existants. Deux des trois jihadistes auteurs des attaques de Paris s'étaient radicalisés en détention. Le Premier ministre français a indiqué que des quartiers spécifiques pour les détenus extrémistes allaient être définis. Un site Internet visant à informer le grand public sur les moyens de lutter «contre l'embrigadement jihadiste» sera créé.