Lors de la 13e édition de la Fête des agrumes, deux frêles silhouettes féminines n'ont cessé de «butiner» au niveau du siège de la Chambre de l'agriculture de la wilaya (CAW) de Tipasa. Elles marquaient des haltes au sein des grappes humaines d'agriculteurs. Elles parlaient. Elles gesticulaient et enregistraient les coordonnées des fellahs sur leur registre. Elles souriaient. L'atmosphère s'y prêtait pour ces deux Françaises d'origine algérienne, qui expliquaient pour vulgariser, sensibiliser, informer les fellahs sur les bienfaits de l'énergie solaire. «Notre équipe est très contente de travailler avec la CAW de Tipasa, qui nous paraît le moteur principal en mesure d'accompagner les fellahs de la wilaya dans la problématique énergétique», déclare Myriam Fournier Kacemi, cofondatrice de la start-up. Les différents contacts entre nos interlocutrices avec les éleveurs et les agriculteurs ont eu le mérite de constater que les fellahs sont convaincus que l'énergie solaire est l'une des solutions à moyen et long termes qui leur permet de résoudre définitivement leur dépendance de l'énergie électrique dans leurs exploitations agricoles et leurs laiteries. En effet, quand un panneau solaire est installé dans un verger, le fellah ne s'occupera plus de l'alimentation en énergie électrique. Les coupures de courant intempestives occasionnent des dégâts énormes.Quand cela est bien pris en charge, un panneau solaire et son équipement fonctionnent durant 30 années tout en étant autonome. «Nous sommes toujours au stade de la vulgarisation», a tenu à préciser Myriam, maman de deux enfants. Malheureusement, les producteurs locaux, à l'image de Condor et ENIE, n'ont pas encore développé l'activité inhérente à l'énergie solaire. Les matériels vitaux sont importés. «Nous avons rendu visite à ces producteurs nationaux pour les informer de nos actions. Ils nous répondent qu'ils se préparent. Par conséquent, si leurs engagements seront respectés, les prix des équipements destinés à produire de l'énergie solaire baisseront», nous dit-elle. La star-up est déjà sollicitée par les wilayas d'Alger, de Tizi Ouzou et de Biskra. L'agriculteur devra investir 400 000 DA pour installer l'énergie solaire d'une capacité de 5 KWa et bénéficiera durant 30 ans de cette énergie propre. L'éleveur de bovins Fridi, de Bouharoun, a bénéficié de ce nouvel équipement qui lui permet de faire marcher les deux machines à traire et les deux cuves refroidissantes. «Je n'ai plus de problème d'énergie dans mon étable», nous dit-il. Myriam compte installer une station pilote au niveau d'un verger pour une irrigation au goutte-à-goutte et une station-pilote au niveau d'un forage. «Les fellahs pourront visiter par la suite les stations-pilotes et obtenir des explications auprès des utilisateurs, avant d'acheter les panneaux solaires», conclut notre interlocutrice. L'agriculteur Nasreddine Nessala et son frère Bachir, qui exploitent à Koléa un verger et disposent d'un forage, sont confrontés au problème de coupures de courant, d'une part, et au coût élevé de la facture de l'électricité, d'autre part. «Notre rendement à l'hectare a chuté de 200 quintaux à cause du manque d'eau», déclare Nasreddine. «Quand il n'y a pas d'électricité, mon groupe électrogène consomme jusqu'à 80 l de mazout par jour, tandis que ma facture mensuelle d'électricité atteint 100 000 DA», ajoute-t-il. «Alors, je suis venu pour m'informer sur cette énergie solaire, je crois que c'est la solution pour mon verger», se réjouit-il. L'énergie solaire fait ses premiers pas dans le secteur de l'agriculture de la wilaya de Tipasa.