La 13ème édition de la fête des agrumes organisée conjointement par la CAW (chambre de l'agriculture de la wilaya) et la DSA (direction des services agricoles), qui s'est déroulé au siège de la CAW de Tipasa le jeudi dernier, aura eu le mérite de dévoiler moult difficultés que rencontrent les agrumiculteurs. Cet évènement économique attire de plus en plus de personnes aujourd'hui pourtant, il avait été initié par un expert en agriculture, en l'occurence Benzahra Moumène, au moment où nombreux individus ne croyaient pas à son initiative. Le déficit en pluviométrie, l'absence de main d'oeuvre, l'insuffisance des moyens de stockage, les difficultés de commercialisation de toute la production des agrumes, tels sont les principaux problèmes qui entravent le développement de cette filière agricole. Pour revenir à la situation des agrumes (oranges, mandarines, citrons, pamplemousse) dans la wilaya de Tipasa, il y lieu de signaler que l'orange mobilise les 3/4 de la superficie globale des agrumes dans la wilaya, quant à la pamplemousse, elle est cultivée au niveau d'une insignifiante surface. La valeur de la producion des agrumes s'élève à 12 milliards de dinars, alors que la valeur de l'ensemble des produits agricoles dans la wilaya de Tipasa avoisine un montant de 69 milliards de dinars. Par conséquent, la filière agrume constitue 17% de la valeur agricole de la wilaya, c'est une filière qui pèse dans le secteur agricole, de surcroit une filière qui emploie théoriquement 6% de la main d'oeuvre de tout le secteur agricole de la wilaya de Tipasa, sur un effectif global qui varie entre 45.000 et 50.000 emplois. Les responsables du secteur de l'agriculture de la wilaya font face à un autre problème. Il s'agit de 02 variétés de l'orange (washington et nevel) qui représentent 56% de la production des agrumes. "C'est un handicap pour nous, déclare Sidhoum Rabah,la CAW et la DSA travaillent ensemble pour diminuer les superficies investies par ces 02 variétés, afin d'éradiquer le déséquilibre, en menant des actions de sensibilisation et de vulgarisation auprès des fellahs, pour que notre wilaya arrivera un jour à produire des agrumes sur une longue durée et lui permettre de mettre sur le marché ses différentes variétés d'agrumes sur une longue période", nous indique le DSA de Tipasa.Depuis le début des années 2000, l'Etat soutient les fellahs jusqu'à 72.000 DA l'hectare. Les agrumiculteurs rencontrés lors de cette 13ème édition justifient la chute du rendement par le déficit en pluviométrie. La chute a atteint un niveau allant de 50 quintaux jusqu'à 100 quintaux à l'hectare. C'est énorme pour eux, y compris pour ceux qui sont installés au sein des terres incluses dans le périmètre irrigué. "Les fellahs sont tributaires du quota alloué par le Ministère des Ressources en Eau précise le DSA de Tipasa, les besoins en eau des agriculteurs n'ont jamais été satisfaits ajoute notre interlocuteur, cela veut dire que le secteur de l'agriculteur en terme de rendement n'est pas maître de son destin, en raison de ces volumes d'eau insignifiants alloués par cette commission du MRE, les objectifs initiaux des barrages notamment celui de Boukourdane avaient été déviés enchaine-t-il, il n'y a eu qu'une seule fois où l'irrigation a pu toucher une surface de 5600 ha du périmètre irrigué sur un total de 18480 ha, peut-on évoquer dans ce cas le rendement de la production agricole", s'intérroge-t-il. Compte tenu du niveau actuel du rendement moyen des agrumes qui s'élève à 240 qx/ha pour cette année 2016, la rencontre entre les agrumiculteurs et les responsables du secteur de l'agriculture de la wilaya aura permis d'engager un débat sur la problématique du stockage de leurs produits, de la mise en valeur des agrumes et l'exportation des variétés après la satisfaction du marché local. Une large disponibilité des variétés d'agrumes a entrainé une chute importante des prix. Les fellahs ne sont plus en mesure de supporter les charges. L'exportation de leurs produits demeure l'unique solution pour les agriculteurs, d'autant plus que les produits agricoles de la la wilaya de Tipasa, grace aux nouvelles techniques utilisées, sont devenus attractifs pour l'exportation sur le plan qualité et sur le caractère organo-leptique (goût, calibre,...). D'ailleurs, à titre expérimental, la CAW et la DSA comptent se lancer dans des essais sur le plan pratique afin de mieux identifier le circuit qui mènera les produits agricoles vers les marchés internationaux. La présence du Directeur Général du Groupe international DjazExport, Kara Naceur-Eddine,à cette 13ème édition de la fête des agrumes de Tipasa n'est pas fortuite, d'autant plus que cette wilaya se classe en 5ème position dans la production des agrumes à l'échelle nationale. L'utilisation de l'énergie solaire est à l'ordre du jour chez les fellahs. Myriam Fournier Kacemi, une franco-algérienne infatigable et dynamique, s'est investie totalement avec son équipe pour introduire les panneaux solaires au niveau des étables de bovins, dans les champs agricoles et enfin dans les forages d'irrigation. Une technologie propre qui aidera sans aucun doute les agriculteurs et les éleveurs à diminuer leurs charges, tout en augmentant leurs rendements. La CAW soutient cette initiative. Cette wilaya faut-il le rappeler est pourvue d'une surface agricole utile (SAU) de 64.311 ha, dont 18.000 ha sont consacrés à la culture pérenne (arboriculture et la vigne). La filière des agrumes s'étend à présent sur une surface de 4316 ha, occupe donc 24% de la surface pérenne. Les superficies agricoles de la wilaya sont rongées par la béton. Les décideurs de la wilaya de Tipasa et les hautes autorités du pays trouvent plus faciles de faire disparaître les terres agricoles utiles, en implantant leurs projets d'équipements sur des terres agricoles proches des routes nationales et des localités cotières,les logements luxueux destinés à une caste d'algériens figurent dans ces projets, alors que les forêts sont défigurées par des constructions illicites qui voient le jour en toute impunité, même des directeurs de la wilaya de Tipasa et fonctionnaires d'autres institutions ne se sont pas gênés pour prendre d'assaut ces sites forestiers naturels afin d'ériger leurs résidences. Un flagrant décalage entre les discours actuels des autorités du pays et la triste réalité du terrain dans la wilaya de Tipasa.