Le front appelle à contrer la guerre des prix actuelle qui mine le marché du pétrole. L'agence de presse américaine Bloomberg annonce ainsi que six pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont disposés à participer à une réunion extraordinaire du cartel, afin de parvenir à un accord, de concert avec certains producteurs non OPEP sur la réduction de la production de pétrole. Bloomberg cite ainsi les propos du ministre vénézuélien du Pétrole, Eulogio Del Pino, qui a déclaré à la suite des entretiens qu'il a eus avec les autorités iraniennes mercredi à Téhéran que «six Etats membres de l'OPEP et deux producteurs non OPEP étaient ouverts à la participation à une réunion extraordinaire». Celui-ci a d'ailleurs précisé, dans un communiqué, que des pays comme «l'Irak, l'Algérie, le Nigeria et l'Equateur» devraient se joindre aux membres de l'OPEP, tels que le Venezuela et l'Iran, et des pays non membres, comme la Fédération de Russie et le sultanat d'Oman, si des négociations sont ouvertes. Eulogio Del Pino insiste aussi sur le fait que «l'idée, pour tous les pays, est de ne pas simplement tenir une réunion, mais de participer avec l'intention de parvenir à un accord». Et d'argumenter que «les prix actuels sont en dessous de l'équilibre, ce qui encourage la spéculation et l'instabilité des marchés». Les appels se multiplient ainsi pour un rééquilibrage du marché. Une tendance qui prend forme depuis le souhait émis par le président en exercice de l'OPEP, le Nigérian Emmanuel Ibe Kachikwu, pour la tenue d'une réunion extraordinaire. Pourtant, la nouvelle sortie du ministre vénézuélien du Pétrole ne semble pas convaincre pour autant les marchés, qui craignent que la multiplication des déclarations de certains producteurs ne recherche que l'effet psychologique sur un marché miné par la suroffre. Ce fut d'ailleurs le cas, la semaine dernière, lorsque les cours du brut ont été portés plus haut au lendemain des propos tenus par le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, qui laissaient entrevoir l'espoir d'un rééquilibrage du marché par un accord sur les prix. Les Saoudiens ont d'ailleurs vite fait d'intervenir et de balayer ces espoirs en rappelant qu'aucun accord ne peut être possible sans la participation des monarchies du Golfe. La tenue d'une réunion extraordinaire demeure à ce jour très hypothétique et cela se ressent même dans les propos du ministre vénézuélien du Pétrole qui use, à ce jour, du conditionnel pour évoquer la possibilité d'un accord. Cela n'échappe pas aux traders et encore moins aux analystes des banques d'affaires internationales. C'est le cas de la Commerzbank AG qui estime qu'une réunion extraordinaire serait «inutile», sans la participation de l'Arabie Saoudite. L'agence Bloomberg rappelle aussi que le ministre vénézuélien a tenu des propos analogues en diverses occasions depuis le début de sa tournée, la semaine dernière, qui l'a mené notamment en Russie et au Qatar. L'agence de presse américaine met toutefois en avant la prudence affichée par les monarchies du Golfe lorsqu'il s'agit d'évoquer la possibilité de parvenir à une entente sur la réduction de la production de pétrole. C'est ainsi qu'elle rappelle qu'à Doha, à l'optimisme de Del Pino s'est opposé une froideur du ministère qatari de l'Energie, qui a expliqué que les discussions tenues entre les deux ministres ont porté notamment sur «les questions d'intérêt commun entre les deux pays en matière d'investissement dans des projets liés à l'énergie», sans plus de détails. Bloomberg met aussi en avant les propos de responsables saoudiens visant à démentir toute initiative en la matière. Elle rappelle que le président de la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco a estimé, le 22 janvier dernier, que le royaume «préfère maintenir la production et laisser les marchés mondiaux se rééquilibrer au moment où les producteurs rivaux commenceront à faiblir». Des propos qui pèsent sur le marché dans un contexte où le secrétariat général de l'OPEP, basé à Vienne, ne laisse pas entrevoir la possibilité de la tenue d'une réunion extraordinaire.