Intervenir ou pas en Libye ? Isabelle Roy, ambassadrice du Canada en Algérie, ne tranche pas la question en diplomate chevronnée qu'elle est, mais insiste sur le fait que «le Canada n'est pas seul dans la pièce» face à la menace de Daech. En Libye, nous sommes conscients de la menace de l'organisation Etat islamique. Nous la prenons au sérieux. Nous continuerons à discuter de cette question préoccupante avec nos partenaires», explique l'ambassadrice du Canada à El Watan dans son bureau, où le visiteur est accueilli par quelques caricatures d'artistes algériens. L'ambassade vient d'ailleurs d'organiser, en partenariat avec le Centre national de documentation, de presse, d'image et d'information, une exposition de caricatures : «La liberté d'expression à grands traits». Ceci dit, cette fine connaisseuse de la région, qui a été ambassadrice de son pays au Mali entre 2005 et 2008, ne prône pas une politique de totale indifférence et affirme que le Canada a beaucoup à apprendre de l'Algérie dans le domaine de la lutte antiterroriste. Si l'Algérie a payé un lourd tribut avec 200 000 morts, le Canada, comme le monde entier, n'est pas à l'abri et a été confronté à des actes terroristes sur son propre sol en octobre 2014. La déclaration de la diplomate canadienne intervenait quelques jours avant l'annonce, lundi dernier, de l'arrêt des frappes canadiennes contre Daech en Irak et en Syrie. Le Premier ministre, Justin Trudeau, a expliqué, en conférence de presse, que «les opérations de frappes aériennes peuvent être utiles, surtout à court terme, mais elles ne parviennent pas à elles seules à permettre la stabilité à long terme pour les communautés locales», selon ce que rapportait la presse canadienne. Le Canada mettra fin à ses opération «au plus tard le 22 février et est prêt à prolonger, sous d'autres formes, son engagement militaire jusqu'au 31 mars 2017. Le nombre de personnels militaires déployés sur le terrain passera par ailleurs de 650 à 830, avec notamment l'ajout de spécialistes du renseignement et de personnel médical», ajoute la même source. Le Canada consacrera sur trois ans plus de 1,6 milliard de dollars canadiens pour «la sécurité, la stabilisation, l'aide humanitaire et l'aide au développement dans la région, en Jordanie et au Liban afin d'éviter la propagation de l'extrémisme violent», a expliqué le Premier ministre. Coopération algéro-canadienne Au-delà de la coopération sécuritaire qui se traduit par la présidence conjointe de l'Algérie et du Canada du groupe de travail sur le Sahel du Forum mondial de lutte contre le terrorisme mis en place en 2011 ainsi que les échanges d'informations entre les différents services de sécurité, l'économie a toujours été au cœur des relations entre ces deux partenaires qui entretiennent des relations diplomatiques depuis plus de 50 ans. L'Algérie a exporté pour 953 millions de dollars canadiens vers le pays de l'érable en 2015, selon Statistique Canada et a importé pour plus de 570 millions de dollars de ce pays où vit la deuxième plus grande communauté algérienne de l'étranger avec 100 000 personnes. La quasi-totalité des exportations algériennes vers ce pays, soit 953 millions de dollars, est couverte par les hydrocarbures. Le Canada exporte vers l'Algérie, principalement, des céréales – près de 470 millions de dollars en 2015. Pour Isabelle Roy, qui bouclera au cours de ce mois de février une année à la tête de l'ambassade de son pays, «les priorités n'ont pas changé. La section commerciale de l'ambassade concentrera ses efforts dans les secteurs de l'agroalimentaire, l'éducation et la formation continue, l'aéronautique, les technologies de l'information et des technologies durables». Très active sur twitter parmi ses pairs à Alger, elle veille à ne pas commettre de faux pas sur les médias sociaux. Sa formule ? «Faire preuve de jugement et de discernement», explique cette dame issue d'une famille de diplomates et de journalistes.