Selon l'ONU, 31 000 Syriens ont fui leurs foyers dans la province d'Alep depuis le début de l'offensive syrienne. Les réfugiés continuent d'arriver en Europe, cette dernière renforce la surveillance à ses frontières et lutte contre les passeurs. L'OTAN va lancer «sans tarder» sa première mission de surveillance des frontières en mer Egée, ont conclu, hier, les ministres de la Défense de l'Alliance atlantique, réunis pendant deux jours à Bruxelles. La demande émanait de l'Allemagne, de la Grèce et de la Turquie, et suscitait quelques interrogations quant à l'implication des militaires dans un projet visant clairement à ralentir les flux de réfugiés et de migrants qui continuent d'arriver en masse dans les îles grecques à partir du territoire turc. «Il ne s'agit pas d'arrêter ou de refouler des bateaux de réfugiés, mais de fournir des informations et une surveillance essentielles pour aider à lutter contre le trafic humain et les réseaux criminels», a indiqué hier le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Selon la diplomatie allemande, il s'agit essentiellement d'obtenir une «vision claire de ce qui se déroule sur la côte turque». Un meilleur échange de renseignements devrait permettre de lutter contre l'activité des passeurs, mais aussi – même si cela n'est pas déclaré officiellement – de déterminer si des responsables turcs ne bénéficient pas indirectement de leur activité, comme l'affirment certaines sources. Passeurs «Les Etats-Unis sont tout à fait d'accord» pour étendre une mission maritime que l'OTAN mène actuellement en Méditerranée, a toutefois indiqué hier le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter. «Il est important que nous agissions rapidement, car cette crise nous concerne tous», a renchéri M. Stoltenberg, soulignant que l'opération se déroulerait en liaison étroite avec les services nationaux de garde-côtes et avec Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, qui mène des missions au large des îles grecques. L'Alliance, qui devrait disposer au total de cinq à sept bâtiments, n'est sans doute pas mécontente de montrer qu'elle peut jouer un rôle dans une mission qui aurait dû, en principe, être assumée entièrement par l'UE. Celle-ci reste victime de ses divisions dans cette crise et d'un niveau d'engagement insuffisant pour équiper Frontex. L'opération de l'OTAN ne sera lancée qu'après un avis de son conseil militaire et d'une ratification par le Conseil de l'Atlantique nord, qui réunit les ambassadeurs des 28 pays membres. Sur le terrain, c'est le deuxième groupe maritime permanent de l'Alliance qui sera mobilisé. Sous commandement allemand, il compte cinq bâtiments basés à Chypre. Le Danemark devrait lui adjoindre un bateau supplémentaire. Les contours de la mission devront encore être précisés, pour éviter ce que des diplomates nomment un «appel d'air», d'autres un «effet pervers incitatif» : en clair, les passeurs, sachant que les migrants auraient plus de chances d'être récupérés, seraient davantage tentés – et non dissuadés – de faire partir leurs embarcations. Le reproche avait été adressé à la marine italienne, qui avait lancé, en octobre 2013, l'opération Mare Nostrum. En un an, elle avait permis de sauver 150 000 migrants. Marchandage Elle n'avait toutefois pas pu empêcher la noyade de 3300 autres. La Turquie se dit prête à reprendre les personnes parties de son territoire et qui seraient récupérées par les bateaux de l'OTAN. Par ailleurs, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé, hier, les appels internationaux pour l'ouverture de la frontière turque aux dizaines de milliers de réfugiés syriens qui ont fui «la bataille d'Alep», menaçant de «les envoyer» vers d'autres pays. «Il n'est pas inscrit idiot sur notre front. Ne croyez pas que les avions et les bus sont ici pour rien. Nous ferons le nécessaire», a lancé M. Erdogan lors d'un discours devant un parterre d'hommes d'affaires à Ankara. Le chef de l'Etat turc a, selon des médias, confirmé la véracité d'un «marchandage», qui a fuité dans la presse, entre lui, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ainsi que le président du Conseil européen, Donald Tusk, sur le sort des migrants. Erdogan menace d'inonder les pays européens de migrants, si son pays ne reçoit pas une somme satisfaisante pour les héberger sur son sol. «Je suis fier de l'avoir dit. Nous avons défendu les droits de la Turquie et des réfugiés. Nous leur (Européens) avons dit : ‘Désolés, nous ouvrirons les portes et dirons ‘au revoir' aux migrants», a-t-il précisé. Selon l'ONU, 31 000 Syriens, dont 80% de femmes et d'enfants, ont fui leurs foyers dans la province d'Alep depuis le début de l'offensive syrienne contre les groupes armés. Depuis le début de l'offensive, les forces régulières ont repris plusieurs secteurs dans le nord de la province d'Alep et assiègent désormais les rebelles dans les quartiers est de la ville éponyme, où habitent encore quelque 350 000 civils. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), quelque 506 personnes ont péri dans l'offensive contre les groupes terroristes dans la province d'Alep.