Le président-directeur général de Hyundai du pôle Automotive du groupe Cevital et directeur général de Hyundai Motor Algérie (HMA), Omar Rebrab, a dénoncé, dans l'après-midi de dimanche dernier, ce qu'il a qualifié d'«escroquerie». Il s'agit d'un partenariat que le constructeur coréen Hyundai aurait conclu avec Global Motors industrie pour le montage de camions à Batna. Ce dernier voulait ramener 2000 camions en DKD (camions montés en Corée) pour les faire (re)monter dans sa future usine à Batna. Or, selon Omar Rebrab, qui animait une conférence de presse pour faire part de cette «supercherie», Global Industrie Algérie aurait accepté de reprendre «un stock de marchandises qui n'est pas conforme au cahier des charges». «Les Coréens veulent monter une usine en Algérie en se débarrassant de leurs stocks qui ne répondent guère à l'arrêté du 23 mars 2015 fixant les cahiers des charges relatifs aux conditions et modalités d'exercice des activités de concessionnaire de véhicules neufs, promulgué par le ministère de l'Industrie et des Mines», a-t-il dénoncé. Ces camions, selon le patron de Hyundai Algérie, ne répondent pas aux normes de sécurité exigées par ces cahiers des charges, comme l'ABS, les airbags, le régulateur de vitesse, les ceintures de sécurité, entre autres. Ainsi, tout en dénonçant «le comportement» du constructeur coréen, le conférencier attire l'attention des pouvoirs publics et les invite à se pencher sur ce cas : «C'est une escroquerie que je tiens à dénoncer. J'ignore si les autorités le savent ou pas, mais c'est une arnaque, une concurrence déloyale au détriment des intérêts du pays», a-t-il mis en garde. Car le patron de HMA doute fort que les camions qui seront montés à Batna par Global Motors seront dotés de tous les équipements, comme exigé par les cahiers des charges. «Global n'est pas prêt, c'est pour cela qu'il voulait ramener de vieux camions en DKD pour les faire monter en Algérie. Comment voulez-vous qu'il puisse investir, alors que les cahiers des charges pour la production ne sont même pas encore prêts ?», s'interroge M. Rebrab. Tout a commencé lorsque le constructeur coréen a proposé à Tiziri Motor Algérie Sarl, distributeur de Hyundai Trucks, 2000 camions qui ne répondent pas aux normes exigées, raconte Omar Rebrab. «Tiziri m'a consulté pour les reprendre, mais j'ai refusé», a-t-il indiqué. Selon le conférencier, «le dossier (cahier des charges pour la production) est ficelé, mais pas encore validé par le Premier ministère». «Les Coréens nous voient comme une poubelle. Ils veulent nous fourguer leurs produits dépourvus d'équipements de sécurité», a-t-il estimé. Et d'ajouter : «Moi, je vois tout d'abord l'intérêt du pays, c'est pour cela que j'ai refusé». Et pour Global Industrie Motors, qui a accepté la proposition des Coréens de montage de camions en DKD (camions montés en Corée, démontés, puis expédiés pour un montage en Algérie) il risque, selon le conférencier, de se faire avoir : «Global Motors risque même de se retrouver en justice et les Coréens ne cherchent que leurs intérêts». Il s'est dit «trahi» quand il a appris l'ouverture d'autres concessionnaires par les Coréens en Algérie. Omar Rebrab n'en est pas trop abattu. «Je me suis énervé au début, car mes partenaires coréens m'ont trahi par l'ouverture d'autres distributeurs, ça fait très mal de te faire faire un enfant dans le dos, c'est ce que je regrette», a-t-il indiqué. C'est pourquoi le patron de Hyundai Algérie a décidé de changer de stratégie de communication : «Notre stratégie va changer, dorénavant HMA ne va plus travailler sur le produit, mais plus sur l'image de marque.» Pour ce faire, HMA va installer des multimarques dans les showrooms de Hyundai. Le premier responsable de HMA invite par ailleurs les différents ministères impliqués dans le secteur de l'automobile à mieux se concerter entre eux. «Les entités doivent communiquer entre elles, sachant que la voiture dépend de sept ministères», a-t-il estimé. Sur un autre plan, s'exprimant au sujet du plafonnement des importations à 152 000 véhicules/ an, Omar Rebrab estimera que cela va générer beaucoup de problèmes. Pour lui, les prix vont encore flamber à cause des quotas. Le second problème qui risque de surgir, c'est que, selon Rebrab, les «petits concessionnaires ne vont pas s'en sortir, car ils seront étranglés par les charges». Le patron de Hyundai promet enfin des nouveautés au courant de l'année.