Compte recourir aux financements extérieurs pour pouvoir réaliser son plan d'investissement. Son PDG, Noureddine Boutarfa, a avoué hier que cette option est dictée par l'urgence et que les apports fournis par la récente augmentation des tarifs et les emprunts obligataires lancés sont loin de garantir les fonds nécessaires. Le même responsable a plaidé pour d'autres «augmentations progressives» des tarifs à terme, loin de toute pression politique. Le groupe Sonelgaz entend investir près de 50 milliards de dollars à l'horizon 2025. Minée, cependant, par des déficits chroniques induits par un niveau des tarifs qui ne suffit plus à couvrir les besoins du groupe en matière d'investissements, Sonelgaz pense déjà recourir aux crédits extérieurs afin de boucler ce programme. «Nous sommes dans l'urgence», expliquait hier le président-directeur général du groupe public, Noureddine Boutarfa, de passage au forum d'El Moudjahid à Alger. M. Boutarfa a indiqué que le groupe qu'il dirige doit investir plus de 5000 milliards de dinars. Or, le plan de financement de ce programme souffre d'un manque de 1100 milliards de dinars, soit 9,5 milliards de dollars, qu'il faudra mobiliser. Le PDG du groupe Sonelgaz explique en ce sens que les récentes augmentations des tarifs de l'électricité et du gaz, qui permettront de rapporter 25 milliards de dinars par an, ne suffiront ni à combler le déficit des sociétés de distribution de Sonelgaz qui atteint les 95 milliards de dinars en 2015, encore moins à combler le manque à gagner en matière de financement des investissements à venir. M. Boutarfa explique que dans le contexte actuel de crise, son groupe a étudié toutes les solutions qui peuvent permettre de mener à bout ses investissements à moindre coût. C'est à ce titre que l'orateur a rappelé la nécessité de revoir l'organisation du groupe et appelé à réexaminer la loi sur l'électricité et le gaz, qui limite pour le moment toute velléité de réorganisation. Il évoque également la nécessité de se pencher sur les déperditions sur les réseaux en luttant de manière implacable contre les rétrocessions et autres fraudes. M. Boutarfa évoque aussi le recouvrement des créances qu'il évalue entre 41 et 50 milliards de dinars et la nécessité pour Sonelgaz de lutter contre les mauvais payeurs, qu'ils soient publics ou privés. Cependant, après avoir épuisé toutes les voies en matière de mobilisation des ressources et de recouvrement des créances, il restera toujours, selon M. Boutarfa, «à trouver un millier de milliards de dinars pour financer le programme de Sonelgaz». Il évoque dans ce sens plusieurs possibilités, en premier lieu la possibilité de lancer un emprunt obligataire, mais qui ne permettra qu'à lever 30 milliards de dinars dans le meilleur des cas, et ce, en raison «du manque de profondeur du marché financier national». Le tarif ne doit plus être une question politique M. Boutarfa évoque aussi les financements bancaires. Cependant, celui-ci indique que les banques de la place disposent de 2200 milliards de dinars et Sonelgaz a besoin de la moitié de ces disponibilités. Il précise ainsi que financer Sonelgaz «assurera aux banques de bons emplois certes, mais se traduira par un phénomène d'éviction des autres opérateurs économiques», ce qui est contre-productif dans une conjoncture où l'on souhaite dynamiser et diversifier son économie. Ce qui amène l'orateur à expliquer que le seul moyen de couvrir ce programme d'investissement est de recourir aux emprunts extérieurs, que ce soit par le biais de crédits garantis par le Trésor ou par le biais de financements à chercher auprès des partenaires. M. Boutarfa estime que «les deux seules entreprises à même de lever des emprunts extérieurs sont aujourd'hui Sonelgaz et Sonatrach». Pas question, cependant, de recourir au montage financier de type BOT (Build, Operate and Transfer) qui nécessite des contrats à long terme avec les sociétés de distribution de Sonelgaz, d'ailleurs déficitaires, pour l'achat de l'électricité produite et induirait l'importation des équipements. Ce qui est inconcevable dans un contexte où l'on veut stimuler la production locale d'équipements.Le PDG de Sonelgaz plaide aussi pour l'augmentation progressive des tarifs de l'électricité et du gaz, lesquels ne devront plus être considérés, à terme, comme des questions politiques, mais économiques. Il explique ainsi que la population doit admettre cette «augmentation des tarifs, laquelle permettra de réaliser des investissements qui permettront à leur tour de pérenniser le service, de garantir l'accès à l'énergie et d'éviter les délestages comme par le passé». M. Boutarfa évoque aussi le dossier des énergies renouvelables, expliquant que le groupe Sonelgaz a prévu des investissements de l'ordre de 100 milliards de dinars par an, avant que le programme ne soit reporté par l'assemblée générale du groupe qui a préféré orienter les financements vers l'énergie classique. Un comble pour un Etat actionnaire qui promeut pourtant un programme national des énergies renouvelables.