Après le mouvement de protestation qui a secoué le quotidien arabophone El Youm, c'est au tour des journalistes d'El Ahdath de monter au créneau. Ils ont tenu un rassemblement à la maison de la presse Tahar Djaout pour dénoncer leur licenciement abusif opéré avant-hier par le directeur de la publication sans aucun préavis. Lors de ce mouvement de colère, les employés de ce quotidien, désormais au chômage, ont dénoncé de quelle manière ils ont été mis à la porte. Ne sachant à quel saint se vouer, ils ont envoyé une lettre au ministre de la Communication, Hamid Grine, et saisi la Caisse nationale d'assurance-chômage ainsi que l'Inspection du travail pour réclamer leurs droits et faire appliquer la loi. «Etant donné que nous avons été licenciés et devant le fait accompli, nous exigeons que la loi soit appliquée. Nous voulons avoir notre préavis avec une indemnisation de 6 mois comme le prévoit la loi», s'emporte une journaliste. Pour l'administration, le motif de cet arrêt temporaire du quotidien est essentiellement le manque flagrant de publicité qui plonge le journal dans une crise financière aiguë. Alourdi par des dettes antérieures avec les imprimeries, le quotidien est incapable d'honorer ses engagements relatifs aux salaires du personnel. Un malaise financier généralisé Il faut dire que le malaise des quotidiens El Youm et El Ahdath se fait aussi lourdement ressentir dans plusieurs autres organes de presse. Certains responsables font croire que cette pression en matière de publicité est une politique préméditée pour obliger une quarantaine de journaux à mettre la clé sous le paillasson. «Etant donné que sur la scène médiatique pullulent des journaux bénéficiant d'insertions publicitaires de l'Anep mais qui sont absents des kiosques, l'assainissement dans le secteur de la presse est plus que bénéfique», déclare Zouhir Mahdaoui, membre de L'Initiative pour la dignité du journaliste. «Certains journaux vont même très loin et assurent le tirage de leurs journaux dans les imprimeries étatiques sans pour autant payer leurs factures. En marge de cette campagne d'assainissement, l'Etat devrait aussi exercer une pression sur ces patrons de presse pour indemniser ces journalistes et employés condamnés au chômage sans préavis. Ils ont consommé l'argent déversé par la publicité durant des années dans des investissements autres que la ressource humaine, la formation continue ou la motivation salariale.» Selon notre interlocuteur, si une loi sur la publicité existait, ce type de journaux n'aurait jamais vu le jour. «Une mission qui, malheureusement, n'a pas été assurée par l'Etat durant toutes ces années. Pour y voir clair dans le champ médiatique, il faudrait installer une autorité de régulation, mettre en place rapidement le conseil de la déontologie et de l'éthique et surtout promulguer la loi sur la publicité», conclut-il.