Notre-Dame d'Afrique est ce quartier qui tire son appellation de la basilique éponyme, dont le parvis s'ouvre sur une fresque qui balaie les criques de Bologhine et la calanque de Bab El Oued. On atteint le sanctuaire Notre-Dame d'Afrique par le chemin sinueux Ibn Toumert. Cet édifice cultuel dont le parvis offre un magnifique panorama domine les cimetières chrétien et israélite enfouis dans un espace de cyprès imposants et altiers. L'on se rappelle du parapet du parvis de la basilique pris d'assaut par une nuée de fans pour suivre les empoignades s'y déroulant plus bas, dans le stade Omar Hamadi, notamment lors des derbys algérois. Un lieu fréquenté aussi par les riverains qui, l'espace d'un soir, s'y livrent aux douceurs du farniente et s'y ressourcent à la lumière vespérale, tout en admirant le beau tableau qui déploie le faste de la grande bleue. Le quidam peut emprunter l'ancien ravin des consuls, qui invite à une jolie promenade vers Bologhine. Autrefois, il était bordé de magnifiques jardins potagers et autres bhaïr. La basilique reste cette œuvre architecturale impressionnante et emblématique, dont les travaux furent entamés par l'évêque d'Alger, Monseigneur Pavy en 1858 et achevés quatorze années plus tard par Mgr Lavigerie. L'édifice cultuel, dont l'extérieur construit dans un style byzantin, et l'intérieur s'inspirant de l'architecture hispano-mauresque, est l'œuvre de l'architecte Jean- Eugène Fromageau. Depuis quelques années, le monument connait une seconde jeunesse, faisant l'objet d'une restauration (immobilier, mobilier ainsi que les tableaux et fresques) grâce à un montage financier algéro-français. L'usage de son orgue – après une mise en veilleuse – reprend ses droits et encense le lieu de culte d'une acoustique qui sied aux concerts qui y sont donnés, d'ailleurs, ces dernières années. En arrière du sanctuaire, la petite chapelle Saint-Joseph abrite une petite collection d'art religieux et autres objets sacrés en bois ou en métal recouverts de la feuille d'or. Le mausolée Sidi Bennour Sur le flanc du mont Sidi Bennour en contrebas de la commune de Bouzaréah, y niche le mausolée du marabout de même nom non loin du petit cimetière mozabite. Ces dernières années, un nombre considérable de maisons a surgi dans les espaces environnants. En furetant un document (1), le vieil homme Sidi Bennour, dont le vrai nom serait Abou En Nour Ben Salah, serait issu de tribus berbères du Djebel Nefoussa en Libye. Il quitta sa communauté pour un long voyage en mer avec trois de ses frères nommés Ibrahim Ben Salah, Younes Ben Salah et Baâïssi Ben Salah. Lorsqu'Abou En Nour mourut pendant le trajet, on transporta son corps pour l'enterrer à Bouzaréah dans un endroit qui reçut son nom. Un de ses frères est inhumé dans un mausolée situé à Bounoura, dans la wilaya de Ghardaïa (…) Aux premiers temps de l'occupation française, le tombeau de Sidi Bennour, qui daterait d'avant 1640, fut déplacé afin de permettre l'installation, sur le côté gauche de la route conduisant à Alger, d'une batterie de l'armée française, d'où le nom de «Fort de Sidi Bennor (...). Le site est facilement repérable, grâce à des constructions défensives des années 1840, qui bordent la route», indique -t-on. A un jet de pierre du mausolée Sidi Bennour, un espace, appelé autrefois Petit-Champ, servait de terrain de foot mitoyen de l'ex-carrière Jobert qui surplombe la Basetta. Cet espace de jeu, squatté présentement par des familles en… transit permanent, constituait un véritable vivier, voire une antichambre aux équipes huppées, telles que le Mouloudia et l'USMA. Des joueurs ont fait leurs premiers pas sur ce terrain fétiche, comme Mustapha Zitouni, le regretté Abdelaziz Maloufi, Omar Betrouni, Amar Khodja, Mustapha Aksouh, Liès Abdi… Les entraîneurs venaient parfois y dénicher quelques potentiels talents De village «taliane» à Village-nègre Notre-Dame d'Afrique ou «madame lafrique», une consonance d'affinité pour les anciens ou ceux qui demandent à être dans les bonnes grâces des ex-voto, gravés sur la paroi de la nef de la basilique, un lieu de pèlerinage, jadis fort fréquenté. Le chemin menant à ce sanctuaire perché à 124 m d'altitude était emprunté lors de la Toussaint, notamment par une procession de fidèles à partir du cimetière situé en contrebas, via un groupement d'habitations que les anciens nomment «Village taliane». D'autres lotissements y ont vu jour lors de l'administration coloniale. Ils étaient désignés par un attribut toponymique comme Village-Victor, Village-Marie ou encore Village-Nègre, tout près du Petit-Séminaire, structure scolaire qui dispensait un enseignement éducatif dont les Pères blancs durent quitter en 1977, avec l'avènement de l'école fondamentale. A l'image d'ailleurs des Sœurs Salésiennes qui se vouaient à l'éducation des jeunes filles, non sans faire montre d'œuvre de bon samaritain. Une autre congrégation de l'ordre contemplatif, à savoir les Sœurs Clarisses, élisait domicile sur les hauteurs de Notre-Dame d'Afrique qui foisonne de structures pédagogiques. Ces religieuses qui menaient une vie monastique tiraient leur pitance, particulièrement du jardin potager qu'elles binaient du côté d'Alger-Nord au pied de Z'gahra où sont implantés, par ailleurs, le palais Rahat Eddey – au sein de l'enceinte du lycée Djillali Ghanem – dont les travaux de restauration font du surplace depuis plus de huit ans, tandis que la caserne est squattée par des maisonnées de la tribu des Afafsa attendant d'être relogées. Z'ghara, une cité en excroissance Le quartier Notre-Dame d'Afrique, dont la plupart des maisons sont de type colonial, ne cesse d'éliminer les corridors pour conquérir des espaces et venir se greffer au quartier Z'ghara dont les hauteurs lorgnent du côté des Deux Moulins, voire une partie du cap Raïs Hamidou, dont les ruines d'un fort marquent l'emplacement du bordj Mers Ed Debban (fort du port-aux-mouches) à l'époque ottomane. Z'ghara n'est plus ce hameau de maisons en pisé disséminées ici et là, tant les superficies vides et les chemins menant plus haut, au sémaphore, (poste de surveillance) ont prêté «leur flanc» à des espaces sur lesquels sont érigées des bâtisses qui tournent le dos au BA.ba de l'architecture non sans participer à l'anarchie urbanistique. Des demeures en étage s'étirent d'est en ouest grâce à une acquisition d'assiettes obtenues, l'on se rappelle, sur la base du fameux document dit «papier timbré». Les chemins serpentent, montent, les demeures s'agrippent, couronnant une colline qui s'ouvre sur une vue superbe et imprenable sur une bonne partie de la baie d'Alger.