La basilique reste cette œuvre architecturale emblématique, dont les travaux furent entamés par l'évêque d'Alger, Mgr Pavy en 1858, et consacré, 14 années plus tard, par Mgr Lavigerie. Notre-Dame d'Afrique ou Madame l'Afrique, une consonance d'affinités pour les anciens ou ceux qui demandent à être dans les bonnes grâces des ex-voto, gravés dans la nef de la basilique, était un lieu de pèlerinage fort fréquenté jadis. Le chemin, menant à ce sanctuaire perché à 145 m d'altitude, était emprunté, lors de la Toussaint notamment, par une procession de fidèles à partir du cimetière situé en contrebas via un groupement d'habitations que les anciens nomment Village taliane. Depuis le départ des pieds-noirs en 1962, le lieu de culte ne draine pas grand monde. Sans oublier la dernière décennie noire où le sanctuaire était presque mis en veilleuse. Nous avons rencontré père Bernard, recteur de la basilique, qui tenait à nous faire part de la restauration de l'édifice, dont l'étude technique est finalisée. Il nous explique les parties de l'ouvrage qui nécessitent des travaux de réhabilitation. « Il n'y a pas péril en la demeure, rassure-t-il, dans la mesure où la structure est intacte, mais il va falloir procéder à la consolidation de certaines parties de l'édifice comme les 110 m3 de pierres qu'il faudra sculpter, les tourelles ou le campanile du petit dôme. » Après avoir établi la reprographie du plan, effectuer l'analyse des altérations des surfaces et l'étude sismique, il ne reste que le montage financier. « Nous savons où nous allons et ce que nous devons faire, mais nous attendons la mobilisation des ressources financières », souligne l'homme d'église en souhaitant que certaines ambassades réagissent à son vœu de restaurer dans les meilleurs délais l'édifice. La wilaya d'Alger, selon père Bernard, est prête à apporter son concours financier pour réhabiliter cette œuvre architecturale. « C'est le patrimoine de l'Algérie », renchérit le recteur qui exprime le souhait que la basilique soit au cœur du traité d'amitié entre la France et l'Algérie. Nous aurions souhaité nous entretenir avec père Bernard sur la fréquentation du lieu par les fidèles algériens, mais il s'est montré peu disert. Sur un ton aussi affable que péremptoire, il nous lança qu'il « s'agit d'abord de faire œuvre d'architecture ». Une manière d'éluder la question ou de faire preuve de réserve. Tout compte fait, père Bernard prend plaisir à s'étaler sur le côté historique et architectural de l'édifice tout en précisant que l'heure ne s'y prête pas à aborder le côté religieux. Il s'est contenté de cette phrase laconique : « Les gens viennent ici pour chercher quelque chose. » Il faut dire que la basilique Notre-Dame d'Afrique est ouverte chaque jour aussi bien pour les fidèles que pour les visiteurs. Certains viennent dans ce lieu vénéré pour faire un vœu ou brûler un cierge en mémoire d'une grâce obtenue. L'affluence moyenne des visiteurs oscille entre 180 et 200 personnes chaque jour, nous dit le recteur qui se dit heureux de la restauration de l'orgue de chœur. L'usage de cet instrument reprend ses droits et embaume le lieu de culte d'une acoustique qui sied, d'ailleurs, aux concerts qui sont donnés ces dernières années. Il est presque 18h, c'est l'heure de l'office. Père Bernard prend congé de nous pour aller célébrer la messe devant une poignée de fidèles qui prend place dans les premières travées de la nef.