Hamsou el dhalam (le murmure de l'obscurité) est le nouveau monodrame de l'association Al Assil de Laghouat, présenté jeudi soir aux 4es Journées du théâtre maghrébin d'El Oued, à la maison de la culture Mohamed Lamine Lamoudi. Mis en scène par Ali Kerboun et interprété par Brahim Gueffaf, d'après un texte de Abdelhalim Hafed Ben Saâd, Hamsou el dhalam explore l'âme tourmentée d'un homme qui se réveille dans une cave, aveuglé par l'obscurité, isolé du monde. Il tente de retrouver la lumière à travers une petite lucarne et essaie de s'accrocher à un certain espoir que représente le passage bruyant d'un train. L'homme, qui n'a pas de nom, se nourrit dans un récipient qui ressemble à un casque, «vestige» d'une guerre passée ; il s'adresse aux insectes, parle à l'enfant qui est en lui, attend le retour des fils dorés du soleil, évoque l'arbitraire, rappelle les ravages de l'oppression ; il s'interroge sur les «révolutions» contemporaines arabes et sur les déchirements entre frères... Une foule de questions qui ne trouvent pas de réponses. D'où la dureté du langage utilisé. Et d'où la douleur qui traverse le corps de cet homme qui, au fil du temps, a pris la couleur de la terre. Le retour à l'origine ? La scénographie, minimaliste, reproduit d'ailleurs la même couleur beige-marron. Le travail sur l'éclairage complète la narration avec le souci de provoquer de l'action, car la pièce tend à plonger dans la monotonie et le bavardage. La démarche expérimentale du metteur en scène domine tout le spectacle au point de l'étouffer par moments. Le spectacle verse parfois dans le théâtre de l'absurde. En dépit de cela, la musique de Habib Megouas, Berkane M'khademi et Ismaïl Kerboun équilibre parfois le mouvement dramatique d'ensemble en appuyant le jeu de Brahim Gueffaf. Ce jeune comédien, élève de l'école de Laghouat, a fait montre de beaucoup de capacités sur scène tant vocales que corporelles. «La société arabe d'aujourd'hui est aux prises avec plusieurs défis, attaquée de toute part. Le monde occidental veut lui imposer ses règles sur les plans intellectuel, économique et culturel. Nous avons laissé le soin au spectateur de trouver une conclusion, ou du moins, faire des interprétations. Le théâtre d'aujourd'hui n'impose rien au public. Il n'y pas de point de final au spectacle. Il faut laisser le débat ouvert», dit-il à propos du monodrame. Ali Kerboun a retravaillé le texte original. «Nous avons creusé un peu dans ce texte pour réduire son caractère narratif et monter le spectacle. L'homme ne voyait que le noir, croyant être aveugle. Il recherche la lumière dans le monde extérieur. Il ne la retrouve pas forcément. Il parle de tout ce qui se passe aujourd'hui, se demande sur l'absence de la fraternité interarabes, sur Israël, sur les conflits entre voisins, sur la répression...», relève Ali Kerboun, qui milite pour une réelle créativité en matière d'arts de scène. D'où le recours à la musique vivante dans le monodrame Hamsou al dhlam avec un clin d'oeil à Marcel Khalifeh (Wakafouni ala hdoud) et Moufdi Zakaria (Djazaïrouna). Ali Kerboun a, à son actif, plusieurs pièces et courts documentaires. L'équipe de l'association El Assil travaille actuellement pour la préparation de la quatrième édition des Journées du monodrame prévues à Laghouat au printemps prochain.