L'Association culturelle " Ed'Derb El Assil " de Laghouat a présenté vendredi au Théâtre national algérien (TNA) lors de la cinquième soirée des 6ème Journées du Théâtre du Sud, " El Firdaws El Manboudh " (Le paradis réprouvé), rappelant la nature de l'homme à aspirer à un modèle de société où règnent en maîtres absolus l'humanisme, la liberté et la justice sociale. Mise en scène par Kerboun Ali, sur un texte de Habib Ben Ahmed Mahser, le spectacle d'une durée d'une heure, met à nu les pratiques hégémoniques d'un tyran au pouvoir d'une cité anéantie par son despotisme aveugle et sa frénésie du pouvoir absolu. Dans un mélange des genres entre classique et épique, la trame met en scène quelques conflits audacieux en vue d'une alternance au pouvoir violemment réprimés par le souverain despote qui, après avoir exterminé son peuple, a ordonné l'exécution du dernier citoyen restant et ne laissant en vie que ses deux idiots de gardes et son valet. Préparant un stratagème pour destituer son empereur et s'emparer du pouvoir, le valet affiche des ambitions bien plus grandes que les moyens dont il dispose. Donnant de l'esthétique au spectacle, les personnages dans leurs différents costumes ont su porter la trame du texte et ont brillé d'interprétation dans leurs rôles respectifs, ceux de l'empereur, du valet et des deux gardes notamment. Renforçant la vulnérabilité des gouvernés subissant les affres de l'empereur sanguinaire, le metteur en scène s'est appuyé sur le mysticisme religieux dans un rôle montrant un des personnages, accusé à tord de folie, s'adonner à des pratiques soufies glorifiant l'unicité de Dieu. La scène totalement ouverte a donné de l'élan au texte auquel les comédiens, qui se sont surpassés dans un jeu utile, ont donné vie, à l'instar de Kerboun Smail, Brahim Keffaf, Ali Benmoulay et Mohamed Fouad Belghit qui ont bellement utilisé leurs espaces d'expression, entre le trône de l'empereur à l'avant-scène et l'espace suggérant un endroit de torture au fond. L'éclairage et la bande son ont été d'un apport positif au spectacle, créant les atmosphères nécessaires au jeu dans ses différents tableaux et aidant à mettre en valeur des émotions dans leurs intensités multiples. Dans une intemporalité voulue par le metteur en scène, la trame s'adresse à toutes les époques, de la plus ancienne à la contemporaine car "les aspirations de l'individu à la liberté, à la justice et à l'humanisme n'ont guère changé depuis la nuit des temps et tant que l'homme vivra, il sera toujours condamné à être libre ", explique le comédien Ali Benmoulay. Kerboun Ali, metteur en scène, encore dans les tourments du spectacle et vivant le prolongement de ses évènements s'est interrogé sur " la signification de toutes ses années écoulées, marquées par un absolutisme et une bestialité dénués de sens, d'une suprématie décrétant l'injustice alors que l'homme est encore là, plus que jamais uni avec ses semblables à demander à vivre dignement". Les 6èmes journées du Théâtre du Sud se poursuivent au Tna jusqu'au 30 septembre courant, avec la programmation ce samedi de " B'khour aâsri " (Encens modernes), un spectacle mis en scène par le très attendu Haroun El Kilani.