Des études épidémiologiques doivent être systématiquement menées pour identifier les Candida et les Aspergillus Spp qui sont les agents les plus fréquents d' infections fongiques invasives en milieu hospitalier qui touchent les personnes immunodéprimées suite au traitement de chimiothérapie ou de greffe, ont recommandé les spécialistes lors d'un séminaire de formation continue organisé par le laboratoire Pfizer dans le cadre du programme international Ideal (Infection Disease Education and Learning) de formation continue pour la prise en charge des infections fongiques invasives. «Ces prélèvements doivent être réguliers et, à travers ces études, on pourra avoir une idée de la fréquence de ces infections et à quels types de candidoses et autres germes nous avons affaire. C'est ce qui nous aidera à poser le diagnostic, le problème majeur auquel nous faisons face», a déclaré le Pr Hocine Aït Ali, chef du service d'hématologie au CHU de Tizi Ouzou. Ces infections, qui touchent près de 10% des malades atteints de leucémie, a-t-il précisé, sont traitées à l'aveuglette. «Il y a une énorme difficulté à poser le bon diagnostic, les malades sont souvent pris d'une fièvre aiguë dont l'origine ne peut être expliquée, puisque les examens de laboratoire sont deux fois sur trois négatifs. On traite alors systématiquement nos patients avec deux antibiotiques à large spectre», a t-il indiqué. Et de souligner que malgré cela, «un malade sur deux décède bien qu'il soit tiré d'affaire par rapport à sa leucémie». Le Pr Aït Ali a insisté, par ailleurs, sur le lavage des mains et surtout sur le respect de règles d'hygiène en milieu hospitalier, notamment dans les services exigeant l'asepsie comme les chambres stériles. L'augmentation croissante de la prévalence des infections fongiques invasives et la complexité de l'étude des champignons inquiètent sérieusement les médecins. C'est ce qui complique la prise en charge de ces infections, a indiqué le Pr Samir Agrawal de l'université britannique Queen Mary de Londres. Pour lui, rares sont les pays qui ont développé des tests pour le diagnostic des mycoses. «Le problème se pose moins lorsqu'il s'agit d'infection bactérienne. Cela est vite pris en charge par des antibiotiques», a-t-il souligné, tout en insistant la complexité de la prise en charge des infections fongiques. Face à la problématique du diagnostic, la prophylaxie est, selon lui, la mieux indiquée dans ce type d'infection. Il cite, entre autres, les médicaments adéquats pour limiter ces infections. A noter qu' une étude publiée en 2010 a révélé que la prévalence des infections fongiques invasives chez les patients leucémiques entre 1990-1999 est de 55% pour Aspergillus (c'est l'agent le plus fréquent) et de 40% pour Candida. Ces deux agents sont associés à une forte mortalité.