L'objectif de prix que les producteurs souhaitent atteindre est sujet à débat. Les cours du brut semblent accrochés en dessous des 35 dollars. L'annonce, la semaine dernière, de la conclusion d'un accord pour le gel de la production entre les plus gros producteurs de pétrole n'a pas suffi à maintenir les marchés dans une dynamique haussière. Une situation qui pousse ces mêmes producteurs, membres ou non de l'Opep, à chercher des solutions afin de redresser les cours. Cela s'est d'ailleurs traduit par une évolution du discours tenu par les responsables de l'Opep. Après avoir longtemps tergiversé sur les perspectives de coopération entre les producteurs de pétrole, le secrétariat général de l'Opep ose enfin évoquer la possibilité d'une intervention sur le marché. Le secrétaire général de l'Organisation, Abdallah Al Badri, a indiqué lundi soir, à l'occasion de la conférence IHS Ceraweek, à Houston (Texas), que les principaux producteurs de pétrole pourraient étudier «d'autres mesures» pour endiguer l'excédent d'offre sur le marché. Mieux encore, Al Badri évoque la disposition de l'Opep à élargir le front de la discussion avec de nombreux pays producteurs, notamment américains. Il est vrai que le niveau des prix actuels à 30 dollars est loin de satisfaire les producteurs. Selon Reuters, le secrétaire général de l'Opep reconnaît que le cycle des cours «est très mauvais». Il avoue d'ailleurs qu'il «ne s'attendait pas à une telle chute des prix». L'objectif des prix que les producteurs souhaitent atteindre est d'ailleurs sujet à débat. Des médias parlent de faire bondir les cours de 50%. Un chiffre qui peut paraître spectaculaire, mais qui ne l'est pas. Ainsi, le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, évoque un objectif à 50 dollars le baril qui serait satisfaisant pour les consommateurs et les producteurs. Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres, lorsqu'on connaît les préalables à réunir avant toute nouvelle mesure à prendre par les producteurs de pétrole. Dans ce sens, le secrétaire général de l'Opep, qui a fait mention de l'accord de gel de production conclu, la semaine dernière, entre l'Arabie Saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar, estime que c'est un début. «Gelons la production (...) et si c'est un succès, nous pourrons à l'avenir prendre d'autres mesures», a-t-il dit, précisant qu'une période minimum de trois à quatre mois de gel devait d'abord être respectée. Al Badri veut aussi des discussions avec des producteurs non Opep. Il cite d'ailleurs les négociations qui avaient été entamées avec des producteurs, comme le Brésil, la Chine, Oman et le Mexique. Il n'en demeure pas moins que c'est l'essor de la production américaine de schiste qui risque de poser le plus de problèmes aux producteurs traditionnels. Le secrétaire général de l'Opep le sait et rappelle que la prospection nord-américaine de pétrole de schiste sera, sans doute, très vite relancée dès la remontée des prix à 60 dollars le baril. Al Badri explique ainsi : «Si les cours remontent en 2017 ou 2018, le raffermissement des prix va être limité par le pétrole de schiste américain.» C'est en cela que la chute de plus de 70% des cours du brut opérée lors des 20 derniers mois n'est pas comparable aux précédentes crises. Et c'est dans ce sens justement que le secrétaire général de l'Opep s'est dit prêt à parler avec les responsables américains du déclin des prix. «Je ne sais pas comment nous allons vivre cela ensemble», a-t-il dit en évoquant l'essor du pétrole de schiste. Notons que malgré toutes ces déclarations de bonnes intentions, le marché reste insensible aux tentatives de redressement, tant il met les dernières sorties des responsables de l'Opep comme une tentative d'agir psychologiquement sur le marché. Hier, le baril de brent de la mer du Nord valait, à 11h GMT, 34,65 dollars sur le marché de Londres, soit une baisse de 4 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques à New York, le baril de WTI perdait 20 cents à 33,19 dollars.