Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a déclaré que «par principe le Front Polisario n'est pas opposé au débat, seulement, il faut d'abord que ce débat soit respectueux de la légalité internationale et qu'ensuite il participe concrètement à trouver une issue durable au conflit du Sahara occidental». Visiblement, le centre marocain d'études et de recherches Mohamed Bensaïd Aït Idder tient absolument à organiser sa conférence internationale sur le Sahara occidental en avril prochain à Marrakech. Ahmed Slimani, son président, a annoncé lundi à la presse avoir adressé au secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, une invitation pour y prendre part. De leur côté, des responsables sahraouis ont affirmé hier n'avoir rien reçu et que ce n'est que par voie de presse qu'ils ont appris, «comme tout le monde», l'organisation d'une telle rencontre. Le Front Polisario se fera-t-il représenter à cette conférence s'il venait à y être convié officiellement ? Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, a déclaré hier à la presse que «par principe, le Front Polisario n'est pas opposé au débat». Seulement, a-t-il tenu à préciser, «il faut d'abord que ce débat soit respectueux de la légalité internationale et qu'ensuite il participe concrètement à trouver une issue durable au conflit du Sahara occidental». Mohamed Salem Ould Salek, qui se trouvait dans les camps de réfugiés sahraouis pour participer aux festivités du 40e anniversaire de la création de la République arabe sahraouie (RASD), invitera également les organisateurs de la conférence à se positionner par rapport au conflit du Sahara occidental. «La participation du Front Polisario à l'initiative du centre Bensaïd Aït Idder dépendra évidemment de la position des organisateurs. Ce centre est tenu de préciser sa position sur la question sahraouie et nous verrons ensuite si celle-ci est conforme avec les résolutions des Nations unis et de la légalité internationale. C'est à partir de là que nous y verrons plus clair», a fait savoir le haut responsable sahraoui. Mohamed Salem Ould Salek s'est par ailleurs interrogé sur l'utilité d'une telle rencontre si au final elle ne peut pas impacter la position de la monarchie marocaine. «Il faudrait savoir si le centre d'études en question peut changer la position du Maroc du moment que la conférence reste une initiative de l'opposition», a-t-il fait remarquer après avoir soutenu que «le Front Polisario n'est pas contre un dialogue avec l'opposition, des personnes, des partis politiques ou même avec le gouvernement marocain». «Notre dialogue avec les Marocains en tant que parti politique ne peut se faire que sur la base des résolutions de l'ONU et de la légitimité internationale», a expliqué toutefois le responsable sahraoui rappelant qu'«il s'agit de résolutions reconnaissant au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination». Le ministre des Affaires étrangères a insisté, en outre, sur l'idée que «le respect de la légalité internationale doit être à la base de tout dialogue ou débat sur la question sahraouie et la recherche d'une solution durable au conflit du Sahara occidental». S'adressant à l'opinion marocaine, il a assuré que «le peuple marocain n'a absolument rien à gagner de la guerre expansionniste menée par le régime marocain, un régime liberticide et suranné qui continue à accaparer illégalement les richesses naturelles du peuple sahraoui». Mohamed Bensaïd Aït Idder, l'opposant historique au roi Hassan II, avait saisi, rappelle-t-on, l'opportunité de sa présence à Alger, début février, où il a assisté à la cérémonie du 40e jour du décès de Hocine Aït Ahmed, pour inviter des chefs de parti, dont ceux du FLN, du RCD, de Talaie Al Houriat de Ali Benflis et du FFS, à prendre part la conférence. Le responsable du centre Bensaïd Aït Idder prévoit, quant à lui, de se rendre dans les prochains jours en Tunisie et en Mauritanie «afin de rencontrer des politiques et des membres de la société civile pour leur expliquer l'objectif de l'événement».