Le patronat saisira officiellement le ministère des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI) pour ajourner les assises nationales portant sur la nouvelle stratégie industrielle. C'est ce que nous a affirmé, jeudi dernier, Réda Hamiani, industriel et vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), en marge de la présentation du rapport national sur le développement humain. A l'initiative du forum, une réunion à huis clos regroupera, aujourd'hui, l'ensemble des organisations patronales dans un grand hôtel de la capitale. M. Hamiani, qui a souligné « l'unicité de position » exprimée par les associations patronales, a jugé le délai de deux semaines accordé par Abdelhamid Temmar, ministre en charge du dossier, insuffisant pour étudier l'ensemble des aspects et des implications de la stratégie industrielle telle que présentée par les pouvoirs publics. Il est utile de préciser que la seconde rencontre MPPI-patronat qui devait se tenir le 15 février n'a pas eu lieu sans qu'acune explication ne soit fournie. Le MPPI n'entend pas, à l'évidence, céder à la volonté des opérateurs nationaux puisque, le même jour, l'APS a confirmé la tenue desdites assises du 26 au 28 du mois en cours. Citant une source du MPPI, l'APS rend publics aussi bien la date que le détail du programme. Les assises se dérouleront au Palais des nations, précise l'agence gouvernementale, et seront organisées sous forme d'ateliers sectoriels à huis clos. Les organisateurs prévoient, également, des commissions « transversales » qui s'étaleront sur les questions de l'environnement national de l'investissement, la mise à niveau des entreprises, l'environnement économique international, l'innovation, la politique des ressources humaines et les TIC. La source ministérielle accompagne ses informations de la liste des participants. C'est un indice révélateur de « la précipitation » avec laquelle opère le département de Temmar. Les remarques des patrons Le MPPI veut absolument maintenir son agenda, fixé sans consultation des patrons. M. Temmar s'est donné comme échéancier la fin de l'année pour mettre en branle sa stratégie industrielle, dont le document final devrait être adopté au plus tard la première semaine de mars. Pour le vice-président du FCE, « plus de temps est nécessaire pour faire mûrir le projet d'autant plus qu'il engagera l'industrie nationale pour des décennies ». La riposte des patrons prendra forme, mercredi prochain, avec l'organisation d'une « importante » conférence de presse, confie Réda Hamiani. Par ailleurs, M. Hamiani fournit des observations préliminaires au sujet de la stratégie. « La PME ne bénéficie pas des égards qui lui sont dus. Elle est absente des préoccupations des rédacteurs de la stratégie », juge-t-il avant d'enchaîner sur la dépendance par trop dangereuse de la nouvelle stratégie vis-à-vis des investissements directs étrangers (IDE). Le vice-président du FCE soutient : « Ce sont les enfants du pays qui créeront les richesses. » Il déplore cette fixation sur la captation d'IDE qui « ne viendront jamais ». Pour cet industriel qui a eu en charge le portefeuille de la PME dans les années 1990, « les entreprises étrangères ne veulent que commercer avec l'Algérie dès lors que les contraintes d'accès au marché susceptibles de les amener à investir n'existent pas ».