Le déménagement « à pas forcé » de toutes les structures de l'institut Pasteur décidé par Amar Tou vers le nouvel établissement à Dély Ibrahim, dont les services ne sont pas encore fonctionnels, sans tenir compte de la logistique, a engendré une situation des « plus délétères » au sein de cette institution. Ce qui a aussi provoqué une véritable instabilité dans le fonctionnement de la structure. Le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière a même décidé de limiter le contrôle de la qualité des produits (sérums, vaccins, réactifs) fabriqués ou importés par l'IPA aux services de l'institution. Ces produits ne seront plus soumis au contrôle par le laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP) au même titre que tous les autres produits pharmaceutiques, suite à une directive ministérielle. Officiellement le directeur général, M. Belkaïd, est en congé annuel. Sa démission déposée auprès de Amar Tou depuis près d'une année n'a jamais eu d'écho. Selon certaines sources, M. Belkaïd serait parti en retraite. La gestion de l'établissement serait alors à la charge du nouveau directeur par intérim qui gère les affaires courantes. Beaucoup de problèmes résultent, en fait, de cette situation qualifiée de « confuse ». L'on cite l'élévation du risque de péremption de certains produits, faute de régularisation des documents administratifs et de la perturbation enregistrée depuis quelques semaines, de la disponibilité des vaccins pour nouveaux-nés. Au moins quatre établissements de la capitale nous ont confirmé la rupture de stock du BCG et du vaccin contre l'hépatite B dans leur service de néonatologie. « Nous sommes contraints de demander quelques doses auprès de certains centres avoisinants », nous dit-on. La presse nationale a fait également écho de plusieurs plaintes de parents au sujet de ces vaccins. Contacté par nos soins, le directeur par intérim, M. Lebrès, affirme que ces produits en question sont disponibles en quantité suffisante pour répondre aux besoins. Pour le BCG, « nous disposons d'un stock de 1 962 430 doses, 62 000 pour ce qui est du vaccin contre l'hépatite B, alors que un million de doses sont en prévision, sans compter les 155 000 qui sont en quarantaine pour subir les contrôles. Le problème ne se pose pas au niveau de l'Institut Pasteur, mais au niveau des établissements de santé », a souligné M. Lebrès. et de signaler que le vaccin antigrippal sera prêt pour la commercialisation avant le 15 octobre prochain. Une quantité d'un million de doses a été importée et des échantillons sont actuellement à la phase de contrôle à l'IPA, a-t-il précisé. « Pourquoi pas au LNCCP ? », lui avons-nous demandé. M. Lebrès affirme que tous les contrôles se font au niveau des laboratoires du nouvel Institut Pasteur de Dély Ibrahim, suite à une instruction ministérielle. Amar Tou veut à tout prix le faire fonctionner. Il en fait sa priorité, au détriment de tous les autres dossiers urgents du secteur. Des visites fréquentes en compagnie de personnalités sont effectuées sur ce site pour suivre de très près l'avancement des travaux. Après s'être rendu en juillet dernier en compagnie d'une importante délégation composée des membres du gouvernement et de parlementaires, M. Tou a invité, la semaine dernière, le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem et le ministre de l'energie et des mines, Chakib Khellil, à découvrir les lieux. Une manière, selon certains observateurs, de préparer une inauguration officielle avec tous les honneurs. Une inauguration par le président de la République est sans doute souhaitée. Des dossiers d'une grande urgence qui touchent directement la santé publique sont encore au stade de programmes, en témoigne le dossier relatif à l'application de la convention-cadre pour la lutte antitabac ratifiée par l'Algérie qui a pris effet le 26 septembre dernier. « Rien n'est fait à ce jour sur ce chapitre. » A noter que lors de la première visite du nouvel institut Pasteur d'Algérie (NIPA), Amar Tou a déclaré que l'importance de cette structure réside dans le fait qu'elle regroupera des laboratoires affiliés aux « plus importantes » structures sanitaires, telles que l'Institut Pasteur d'Algérie, le Centre national de toxicologie et ceux du Centre national de pharmacologie et de matériaux de vigilance. « Les missions initiales du NIPA seront prises en charge en plus de l'IPA, par le LNCPP, le Centre national de pharmacologie et matériaux de vigilance (CNPM) et le CNT dans les bâtiments prévus dans ce cadre, à savoir la production de vaccins, de sérums, le conditionnement, la distribution, le contrôle, le stockage, la recherche et le diagnostic », a-t-il ajouté.