Les autorités de la wilaya de Ouargla ont décidé de transférer 1200 migrants subsahariens en deux vagues (une hier et la seconde demain), de sept nationalités différentes, vers Tamanrasset afin d'éviter des représailles, selon la police. Une partie des migrants logeaient au centre d'accueil situé à 2 km de Saïd Otba, localité périphérique de Ouargla, qui a été le théâtre d'un homicide perpétré par un Nigérien de 22 ans sur un jeune du quartier, alors que ce dernier tentait de secourir sa voisine. Azeddine Bensaïd, 26 ans, habitant Saïd Otba Charquia, était de passage devant le domicile de M. N. à 11h05 quand il a été hélé par cette dernière, qui lui a indiqué doucement qu'un voleur venait de s'introduire dans sa maison. C'est en essayant de l'enfermer dans une chambre avant d'appeler les secours que M. C. H. a poignardé Azeddine à deux reprises. Des blessures qui ont coûté la vie au jeune homme lors de son évacuation vers l'hôpital. Le même jour, plusieurs altercations ont éclaté à Saïd Otba, où des jeunes furieux en raison de ce drame qui a touché l'un des leurs s'en sont pris à des Maliens et à des Nigériens qui revenaient de leur travail en fin d'après-midi. Une vingtaine de blessés ont été admis dans la soirée de mercredi à l'EPH Mohamed Boudiaf avant d'être transférés, ainsi que leurs compatriotes, vers l'ancienne gare routière de Ouargla. Première escale, ultime refuge pour une dernière nuit avant leur rapatriement décidé en cours de soirée par la commission de sécurité de la wilaya «pour les protéger des représailles et éviter tout dérapage», nous a confié Hamid Boujaatit, chef de la Sûreté de la wilaya de Ouargla, rencontré un moment avant le début du rapatriement d'un premier groupe de réfugiés. M.Boujaatit a exprimé la détermination des autorités sécuritaires de la wilaya à circonscrire les dommages aux seuls enregistrés la veille. Pour lui, «un sentiment de réprobation du transfert des migrants vers le centre de Saïd Otba a été exprimé par les habitants. Cet homicide qui a endeuillé la population aurait pu mal finir». Il est à rappeler que la Sûreté de la wilaya de Ouargla ainsi que le groupement de gendarmerie territorialement compétent ont rapidement déployé des forces supplémentaires à Saïd Otba où plusieurs cordons sécuritaires ont été dressés pour permettre le ratissage des palmeraies alentours à la recherche du meurtrier présumé et canaliser le flux des jeunes du quartier qui se sont rendus au centre d'accueil, avant d'être repoussés par les éléments de la gendarmerie. Un appel au calme a été lancé aux habitants via la radio locale et des émissaires ont été envoyés à Saïd Otba pour soutenir la famille Bensaïd et apaiser les habitants, presque tous de la même tribu. Les autorités ont également accéléré les procédures légales, notamment l'autopsie, pour la remise du corps à la famille et permettre l'inhumation, qui s'est déroulée mercredi en début de soirée. Alors qu'une conférence de presse a été animée par le wali en fin de journée, une douzaine de bus ont transféré plus de 500 migrants de 15 nationalités vers le centre d'accueil de Tamanrasset en prévision de leur rapatriement vers leurs pays d'origine. Il est à signaler que le chef de la Sûreté de la wilaya de Ouargla a exhorté les entrepreneurs de la ville à verser leurs salaires à ces migrants qui constituaient leur principale main-d'œuvre, souvent mal payée et surexploitée. Lors d'une conférence de presse, le wali de Ouargla a déclaré qu'il regrettait le départ des migrants, qui va engendrer un retard dans les chantiers de construction. Depuis 2012, c'est la première opération de rapatriement qui touche autant de nationalités africaines.