Créé en 1949, pendant le plan Marshall en Europe d'après-guerre, le centre de formation pour adultes devait produire de la main-d'œuvre qualifiée pour le secteur du bâtiment. Dans les années 1970, l'établissement évolue en institut technologique d'électromécanique et d'entretien avec comme unique spécialité la maintenance industrielle. Aujourd'hui, le réputé Iteem dispense des formations très prisées par les entreprises, tous secteurs confondus. Le BTS maintenance des véhicules légers est l'une des dernières spécialités installées. Et elle remporte un franc succès. J'attends l'agrément de l'Enacta (Etablissement national de contrôle technique automobile) qui me sera délivré dans 40 jours pour occuper le poste de chef d'agence. C'est le métier que je veux exercer.» Fraîchement diplômée de l'INFSP de Beaulieu (Oued Smar), plus connu sous son ancienne appellation d'Institut technologique d'entretien électromécanique (Iteem), Boudjenah Asma est désormais experte en maintenance de véhicules légers. «Ma famille est propriétaire d'une agence de contrôle technique automobile et, en tant que femme, mon père m'a encouragée à me former dans le domaine», explique la jeune fille. Ses camarades Cheraft Karima et Aligui Dhaouya, inscrites dans la spécialité maintenance de machines industrielles, ne voient pas pour quelle raison des femmes ne pourraient pas s'investir dans des métiers jadis considérés comme exclusivement masculins. «Dès le lycée, je voulais faire de la mécanique ou de l'électricité. C'est ma volonté et je m'y trouve à mon aise», assure Karima. Et d'ajouter qu'à peine sa formation terminée, plusieurs recruteurs l'ont déjà contactée : un hôpital algérois, une société pharmaceutique, la compagnie nationale de transport aérien... «Beaucoup de hauts responsables d'établissements économiques sollicitent les diplômés de l'Iteem en raison de la bonne réputation de l'établissement ainsi que la compétence et la polyvalence de nos techniciens supérieurs», atteste Abdelhakim Mekidèche, le directeur de l'institut, qui explique la formule magique de l'établissement pour faire de ses diplômés une main-d'œuvre recherchée par le secteur économique : «Dans cet institut, on assure la mise à niveau de nos jeunes et on prend en charge aussi bien leur éducation que leur comportement, en plus de leur offrir une formation de qualité. Mais le meilleur enseignement est de leur donner confiance en eux. L'assurance en soi est le plus important des moteurs pour leur avenir.» M. Mekidèche regrette le manque de valorisation de la ressource humaine (particulièrement des encadreurs) et l'absence de continuité dans le transfert du savoir entre anciens et nouveaux enseignants. Pour Si Saleh Younes, jeune formateur en mécatronique (combinaison de mécanique, d'électronique et d'informatique), l'idéal pour une bonne formation des apprenants et leur placement après est que le formateur «doit connaître le monde de l'entreprise. Il faut qu'il ait un nom dans le milieu. C'est comme cela qu'il peut trouver des postes de stage et de recrutement pour ses élèves», assure l'ancien chef de département technique à Peaugeot Algérie. Dans l'un des ateliers de maintenance de véhicules légers, une spécialité introduite dans l'institut en 2005, un matériel complet est à la disposition des apprenants. Salle d'outillage complet, équipements de diagnostic spécifique, station de contrôle technique, four cabine de peinture, stations d'assimilation…l'atelier est digne du hangar d'une grande firme automobile. «Ici, nous pouvons tout contrôler et réparer, des pneumatiques à la suspension, la mécanique, en passant par la carrosserie et la peinture. On fait l'analyse multiplixage (scanner), le calcul des contraintes de la chaussée...», se réjouit Younès. L'atelier en question est un don d'une entreprise coréenne. Plusieurs véhicules légers, quasiment à l'état neuf, sont d'ailleurs à la disposition de l'institut. «Les grandes firmes automobiles et les concessionnaires se disputent nos diplômés. Malgré l'installation récente d'académies de grandes marques, ils recrutent encore chez nous», s'enthousiasme le directeur de l'ex-Iteem. L'accès à une formation en BTS maintenance de véhicules légers est conditionné par la réussite au concours ouverts aux jeunes ayant le niveau de terminale. «Même si nous assurons la mise à niveau des inscrits, il y a des prérequis pour la formation. Il faut des connaissances importantes en mathématiques, en physique et en mécanique classique», précise M. Mekidèche, qui déplore la baisse du niveau général des jeunes et la fermeture des technicums. Il faut dire que la formation comporte des spécialités très pointues, à l'instar de la mécanique, la thermodynamique, l'entretien moteur, l'électronique embarqué, le diagnostic multiplixage local, les normes acoustiques et visuelles, le dessin industriel ainsi que la mécanique des fluides. «Il faut que nos diplômés acquièrent non seulement le savoir professionnel, mais aussi celui complémentaire», assure l'encadreur pour signifier que les formés doivent contrôler tous les aspects liés au métier. D'autant que les débouchés sont très éclectiques. «En plus de pouvoir s'installer directement à leur compte, nos BTS peuvent être recrutés comme coordinateurs techniques, conseillers services, chefs de liaison et même gestionnaires de stocks. On a des modules sur la gestion des ateliers et le marketing associé au métier. C'est dire si leurs connaissances sont larges», se félicite Si Salah. Selon ce dernier, la formation de maintenancier passe par trois étapes, à savoir : la mécatronique (utilisation du scanner), la programmation et l'informatique de programmation. «Sur une promotion de 297 diplômés (toutes formations confondues), tous ont été recrutés», assure le directeur de l'Item, qui produit chaque année une moyenne de 600 BTS. Actuellement, l'institut compte près de 2200 apprenants dont un certain nombre d'étrangers venus du Yémen, de Palestine, du Sahara occidental, du Niger, du Mali ou encore du Burkina Faso. «De nombreux diplômés de l'enseignement supérieur et universitaires s'inscrivent ici chaque année. Nos jeunes sont très pragmatiques. Ils se disent qu'un cursus universitaire est trop lent et n'ouvre pas toujours les portes de l'embauche. Alors que dans ce genre d'institut, la formation est de deux ans et demi et le travail est assuré après», annonce M. Mekidèche. Face à ce succès, le responsable de l'établissement se fixe comme objectif de mettre au point des contrats de formation-emploi avec le secteur économique. «Malheureusement, les chefs d'entreprise ont souvent un esprit mercantile. Moi je veux que mes diplômés travaillent dans des sociétés qui ont un réel projet de développement. C'est cela qui va libérer leurs initiatives et les rendra plus intéressants pour l'économie nationale», conclut-il.