C'est avec satisfaction que les philatélistes algériens ont accueilli le programme philatélique de 2016, officiellement annoncé pour la première fois par Algérie Poste. Un fait à saluer, puisque cela ne s'est pas réalisé depuis des années. Pourvu que cela dure, et on ne sera pas surpris par une pléthore d'émissions hors programme. Le fait positif dans ce programme est le peu d'allégories, et encore moins de commémorations «rabâchées». Avec 17 émissions d'une grande variété, l'année philatélique a été entamée par deux timbres sur les poissons le 20 janvier, puis deux timbres sur les plantes médicinales le 10 février, enchaînant par une allégorie sur la lutte contre la violence familiale, émise le 24 février, avant de faire la promotion du Sud algérien sur une figurine à paraître le 16 mars. La Journée mondiale de l'eau, célébrée le 22 mars, sera à l'honneur de la capitale de l'eau, Mila, à travers un timbre sur le barrage de Beni Haroun, le plus grand en Algérie, et qui apparaît pour la première fois sur timbre-poste depuis sa mise en service en 2005. Pour la première fois aussi, deux timbres seront consacrés à l'autisme le 2 avril, tout comme pour la thématique des musées, avec l'émission, le 18 avril, de trois timbres sur le musée Cirta de Constantine, le musée Nasreddine Dinet à Bou Saâda et le musée Zabana d'Oran. Un mois plus tard, soit le 18 mai, un pistolet de l'époque ottomane et le fameux Masque de la Gorgone, seront illustrés sur deux timbres. Les passionnés de la thématique du sport se réjouiront, le 1er juin, de l'émission de deux timbres un bloc feuillet sur les Jeux olympiques de Rio au Brésil. Côté tourisme, une série de trois timbres sur les ports de plaisance viendra enrichir cette thématique, le 22 juin, à travers des illustrations des ports d'El Djamila, Sidi Fredj et Tigzirt, en sus de deux timbres sur les villes de Djelfa et Mostaganem, programmés le 3 août. Le patrimoine sera également en vue dans une émission prévue le 20 juillet, consacrée aux danses folkloriques : Baba Merzoug Karkabou, El Baroud et El Hadra. La rentrée sera marquée par une série sur les réalisations (faculté de médecine de Laghouat et la faculté de droit d'Alger), le 7 septembre, suivie de deux timbres sur la formation professionnelle le 5 octobre. Pour une fois, la commémoration de l'anniversaire de l'ex-RTA sera une occasion pour rendre hommage à Aïssa Messaoudi, pionnier de la communication, le 28 octobre. La clôture se fera par l'émission, le 9 novembre, de deux timbres sur les finances, et une figurine consacrée au Lion de l'Atlas, le 14 novembre. En somme, sauf émissions hors programme, l'année philatélique compte 32 timbres et un bloc feuillet. En dépit de cette variété, l'on soulève quand même des rendez-vous manqués. Ainsi, la Poste algérienne n'a pas daigné célébrer le 60e anniversaire de l'UGTA, contrairement aux Tunisiens qui n'ont pas raté le 70e anniversaire de l'UGTT. De même pour le 60e anniversaire du Congrès de la Soummam, relégué aux oubliettes. Mais l'événement, qui n'a jamais été cité ou fait l'objet de timbres, est sans doute le détournement de l'avion du FLN, avec à son bord les cinq personnalités historiques : Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider et Mostafa Lacheraf. Le détournement de l'avion d'Air Atlas, survenu le 22/10/1956, est le premier acte de piraterie dans l'histoire de l'aviation civile dans le monde. L'année philatélique 2016 aurait pu être aussi une occasion pour se réconcilier avec l'histoire, à travers le 60e anniversaire de la mort de Mostafa Ben Boulaïd (22 mars 1956), le 60e anniversaire de la mort d'Ahmed Zabana, premier guillotiné le 19 juin 1956, mais aussi le 85e de la création de l'association des Ouléma en 1931, et le 80e anniversaire de la création de la 1re section de Scouts par Mohamed Bouras. On regrette aussi qu'il n'y ait pas le moindre hommage pour le défunt homme historique Hocine Aït Ahmed, décédé le 23 décembre 2015, ni pour Assia Djebar, disparue le 6 février 2015. A propos de femmes, la poste tunisienne a programmé deux timbres en 2016, l'un en hommage à Sophonisbe, la célèbre princesse carthaginoise, et le second à l'effigie de Bchira Ben M'rad, la pionnière du mouvement féminin tunisien dans les années 1930. A bon entendeur...