Vêtements, linge de maison, accessoires, déco ou brocante…on trouve de tout dans les ventes privées qu'organisent les vendeuses des réseaux sociaux. Un nouveau filon pour montrer son talent, se faire de l'argent et échapper aux lourdeurs administratives de création d'entreprise. Vente privée pour bébé, spécial trousseau de mariée, de fin d'année ou du printemps, les ventes privées en Algérie s'invitent dans le local d'une villa ou dans un appartement au centre-ville. Le principe est simple : lancer un appel sur les réseaux sociaux, vérifier les produits des vendeuses participantes qui louent une table ou un stand, et confirmer la présence des clientes le jour de la vente, par un simple message privé et une mention «réservé» pour un produit ! «J'organise des ventes privées depuis presque trois ans et j'avoue que c'est beaucoup plus lucratif pour moi qui n'ai pas de diplôme.» Nadjat, 28 ans, a commencé la vente sur Facebook avec sa cousine habitant à Paris. Elles proposaient des baskets, du make up et des accessoires pour smartphone et PC. «La difficulté d'une vendeuse sur Facebook est que souvent les clientes ne viennent pas au lieu de la livraison ou elles reportent. Je me retrouvais parfois avec de la marchandise. Je l'écoulais facilement avec d'autres clientes, mais je devais réduire mes dépenses, en termes de déplacements, par taxi ou par bus», se plaint cette jeune fille qui a laissé tomber ses études de droit pour se lancer dans l'aventure des «vendeuses FB». «Cet été, ma cousine a loué un grand appartement à Saïd Hamdine, elle m'a expliqué le principe et je me suis lancée avec elle pour trouver des vendeuses qui proposaient des articles dans la même gamme que la nôtre. Il ne faut jamais faire la bêtise de ramener une vendeuse qui vend la même catégorie de produits et moins chers !» conseille-t-elle. Facebook, Twitter, blog et Youtube sont les nouveaux diffuseurs des ventes privées en Algérie. Les blogueuses de beauté les plus influentes deviennent des partenaires privilégiées, Nadjet avoue faire appel à elles : «Les blogueuses sont également mes clientes, je les chouchoute, car elles le font souvent gratuitement en annonçant sur leur page Facebook ou leur compte Instagram mes ventes privées, ça draine un monde fou !» Ansej Si la vente privée existe, c'est qu'il y a de la demande, au même titre que la vente par Facebook ou les nouveaux sites de vente. «Au début, je faisais ça pour boucler les fins de mois. Puis, j'ai eu envie de faire d'autres formations et j'ai créé une petite marque de textile maison à bon prix et de bonne qualité», raconte Chahra, 37 ans, originaire de Tizi Ouzou. Elle n'a jamais travaillé. Addict aux nouveautés, elle a été invitée par une amie de Facebook à une vente, puis une deuxième…jusqu'à ce qu'elle se lance en proposant ses articles. «Je fabriquais des draps pour bébé que j'offrais à des femmes de ma famille et entourage. Un jour j'ai participé à une vente privée à l'occasion du 8 Mars, j'avais vendu onze draps en une matinée ! L'initiatrice de cette vente m'a rappelé pour que je mette des photos de mon travail sur sa page et c'est comme ça que j'ai eu beaucoup de commandes», s'enthousiasme Chahra qui, depuis cette première expérience, s'est inscrite dans des cours de broderie pour parfaire son talent. Nassiba a eu presque le même parcours, pour elle il est difficile de créer une entreprise et ne veut pas entendre parler du fonds de l'Ansej. «Je ne veux pas épuiser mes forces et m'endetter, surtout si mon projet ne marche pas. D'ailleurs, je n'ai aucune assurance que ça marche. Je crois que j'ai bien fait de ne pas me lancer dans des aventures administratives à n'en plus en finir, ça décourage», explique-t-elle. Afterwork Nabila, Saleha et Nesrine sont trois copines qui vont lancer, cet été, un nouveau concept de ventes privées. Elles ont décidé de se déplacer chez la cliente pour proposer plusieurs produits de plusieurs vendeuses : vêtements, chaussures, sacs, produits cosmétiques et séances de relooking. «La vente privée doit rester un privilège et non pas rassembler des gens qui ne sont pas des acheteurs potentiels. Le service qu'on va proposer consiste à valoriser la cliente», affirme Saleha, 43 ans, cadre dans une entreprise privée, qui se plaignait souvent du manque de temps pour pouvoir s'habiller et prendre soin d'elle. «Mes amies et moi-même avons eu l'idée après le travail avec mes copines. Nous étions souvent fatiguées le week-end et devoir se bousculer à une vente le samedi matin, avec les enfants ce n'est pas évident ! Le service que nous proposons est rentable pour les vendeuses et les acheteuses, car il suffira de précommander des articles et de les essayer chez soi avec nos conseils avisés et de nos partenaires, l'afterwork tout bénéf !», dit-elle. Consciente que c'est une activité qui n'est pas régularisée, Saleha n'en fera pas son métier. «Pour le moment tout se fait en catimini et il n'y a aucune réglementation, je pense que les ventes privées peuvent créer de nouveaux métiers, il suffit d'en faire la proposition à nos administrations. Mais qui oserait le faire ?», se demande-t-elle. Kardashian «Je pratique ‘‘une chasse à la marque'' quand je vais à une vente privée sous invitation», dit Meriem, 33 ans, look à la Kim Kardashian. «Je n'achète plus mes articles à l'étranger, car les prix sont exorbitants et je me lasse facilement d'un sac au bout d'une semaine ! » Cette fashionista trouve son bonheur dans le faux, car elle peut changer de style tant qu'elle y met le prix. «Mes clientes sont satisfaites et en deux ans d'activité, elles ne m'ont jamais fait de réclamations. Je ne ramène pas des produits de mauvaise qualité que nous refourgue la Chine, je m'approvisionne en Corée du Sud grâce à un contact à Paris», fait savoir Nassima, maman au foyer et vendeuse en ligne, elle a su trouver un filon en ramenant des produits cosmétiques «dupes» qui ne sont pas des vrais, mais qui ont les qualités, elle explique : «Une palette de fard à paupières d'une marque américaine connue peut aller de 8000 à 11 000 DA, je peux ramener la même à 2500 DA, mes clientes en raffolent. Lors des ventes privées organisées à Alger, Sétif et Oran, j'arrive à tout vendre, c'est dire, c'est une bonne affaire. Surtout pour une femme qui voudrait compter sur elle-même et aider sa famille. Je trouve que c'est une superbe idée de rester entre femmes et montrer leur potentiel, même si parfois on a des hommes qui se présentent. Mais j'ai vu beaucoup de refus. La majorité des organisatrices de ventes privées ne veulent pas voir d'hommes, surtout quand c'est dans un appartement ou le bas d'une villa», explique-t-elle.