Au vu de la bonne tenue des ratios et indicateurs de gestion du premier semestre, tout porte à croire que l'hôtel El Aurassi réalisera cette année encore un bon bilan comptable. Près de 54% du chiffre d'affaires prévisionnel de l'exercice en cours est en effet déjà réalisé avec de surcroît une baisse significative des charges d'exploitation (- 6,5%). Comparés à la valeur ajoutée dégagée, les frais de personnel engagés ne représentent qu'environ 22%. L'obtention d'un confortable bénéfice en fin d'année (environ 244,5 millions de dinars) est de ce fait garantie. Les bons chiffres d'El Aurassi ont, à l'évidence, eu un effet bénéfique sur l'activité boursière, avec à la clé une nette amélioration (33,3%) du cours de l'action, cotée à la fin du mois de juin dernier à 405 DA, soit 5 DA de plus que sa valeur nominale. Bien que satisfaits des résultats obtenus, les dirigeants de l'entreprise de gestion de l'hôtel El Aurassi demeurent toutefois convaincus que les résultats du semestre auraient été autrement plus consistants si le programme de rénovation décidé par le CPE et les organes de gestion habilités de l'entreprise (AG et CA) n'avaient pas été stoppés net par une directive du ministère de la Participation et de la Promotion des investissement. L'arrêt de cette indispensable mise à niveau, objet d'un contrat conclu en respect avec la législation en vigueur, avec le groupement turc KEF a en effet fortement perturbé le plan business de l'EG El Aurassi qui était fortement adossé aux retombées positives attendues de la rénovation de l'hôtel. On se demande du reste à quoi rime cette décision intempestive de bloquer des travaux, objets d'un contrat en bonne et due forme, de surcroît autorisés par le CPE, qui est la plus haute autorité du pays en matière d'investissement. Outre les inconvénients organisationnels et les manques à gagner commerciaux, le blocage du chantier de rénovation risque d'engager les dirigeants de l'hôtel El Aurassi dans les méandres de l'arbitrage international que l'entreprise turque est en droit de solliciter. L'hôtel El Aurassi a toutes les chances d'être condamné alors que la décision de bloquer les travaux, objets du contrat n'a pas été décidée par les gestionnaires concernés mais par une administration centrale à laquelle la législation en vigueur interdit de s'ingérer directement dans la gestion des EPE. L'autre risque, sans doute le plus grave, induit par l'arrêt des travaux est de faire rater, à ce fleuron de l'hôtellerie urbaine algéroise, la chance de se mettre au niveau des standards internationaux, sachant pertinemment qu'à l'avenir, la concurrence entre hôtels, de plus en plus nombreux et performants, sera féroce. Le projet controversé de privatisation de l'hôtel El Aurassi ne saurait constituer une excuse à l'arrêt des travaux de rénovation, sachant pertinemment qu'une infrastructure rénovée a plus de chances de se vendre plus cher, que celle qui ne l'est pas. La rénovation d'El Aurassi constitue par conséquent un capital, un pari sur l'avenir et, à ce titre, les travaux, objets du contrat, devraient non seulement reprendre, mais être encouragés par les plus hautes autorités du pays.