En dépit des persistantes incertitudes qui continuent à peser sur l'avenir de cet hôtel, engagé dans une interminable et tumultueuse procédure de privatisation sous forme de location-gérance, l'Entreprise de gestion de l'hôtel El Aurassi (EGH) est parvenue à maintenir sa dynamique croissance avec, à la clé, de nouveaux records en matière de chiffre d'affaires et de bénéfices. C'est ce qu'a eu à constater l'assemblée générale des actionnaires qui s'est penchée samedi dernier sur le bilan de l'année 2007. Le chiffre d'affaires est en effet passé de 1,694 milliard de dinars en 1996 à 1,792 milliard de dinars en 2007, de même que les profits ont varié positivement en passant de 680 millions de dinars à 688 millions de dinars, durant la période considérée. La confortable marge bénéficiaire dégagée a permis de porter la valeur des dividendes à octroyer aux actionnaires à 47 DA par action, soit 2 DA de plus qu'en 2006. Les résultats de gestion ont par ailleurs conforté le titre El Aurassi, dont la valeur de l'action avait atteint 410 DA durant l'exercice 2007. Avec un dividende représentant environ 12% de la valeur, l'action et une cotation en bourse largement supérieure à sa valeur nominale (400 DA), le titre El Aurassi est, à l'évidence, devenu un excellent placement. Les indicateurs de gestion, pratiquement tous au vert, indiquent que l'entreprise est parfaitement bien engagée sur le chemin de la croissance en puisant sur des réserves de productivité et de performance très prometteuses, pour peu que l'on permette à l'hôtel de se moderniser et aux gestionnaires d'être suffisamment sereins quant à leur avenir. Car il faut bien savoir que ce joyau de l'hôtellerie algéroise est depuis un peu plus de deux années engagé dans une démarche de privatisation à rebondissement qui déstabilise les managers en place, mais plus grave encore, fait rater à l'infrastructure l'occasion d'une indispensable rénovation. Quelle forme de privatisation le ministère concerné va-t-il choisir pour cette infrastructure ? La formule de la location-gérance généralement réservée aux petites exploitations commerciales peut-elle convenir à une infrastructure aussi gigantesque que l'hôtel El Aurassi ? Le prétendant à la location-gérance de l'hôtel El Aurassi a-t-il vraiment l'intention et les capacités de faire mieux que l'équipe managériale en place ? Pourquoi n'a-t-on pas laissé à l'hôtel El Aurassi l'occasion de se rénover et de se mettre au niveau des grands établissements hôteliers internationaux ? Qui gérera le contentieux qui existe entre l'EGH El Aurassi et l'entreprise turque détentrice du marché de rénovation suspendu sur ordre du ministère concerné si l'infrastructure est confiée à une entreprise privée de location-gérance ? Qui prendra en charge les lourdes pénalités financières au cas, fortement probable, où la sentence de l'arbitrage international est favorable à l'entreprise turque ? Autant de préoccupations que n'ont pas manqué de mettre en évidence les nombreux actionnaires d'El Aurassi qui, du reste, s'interrogent légitimement sur leur avenir s'il venait à être soumis au régime de la location-gérance.