Les forces de sécurité et de l'armée poursuivent leurs opérations de ratissage à Ben Guerdane et dans les environs de cette ville, aiguillées par les révélations obtenues des terroristes arrêtés ou d'autres sources de renseignement, notamment les citoyens, très vigilants en la matière. Ainsi, à partir de ces divulgations, un grand dépôt d'armes a été découvert, vendredi soir, dans la région d'El Amria, au milieu d'une cache souterraine dans un champ d'oliviers dans les environs de la ville. Il y avait une quantité de mitrailleuses lourdes 14.5, des lance-roquettes RPG, des fusils-mitrailleurs kalachnikov, des fusils de précision, des munitions, etc. Les terroristes arrêtés auraient révélé, selon la correspondante de Radio Shems fm à Ben Guerdane, qu'ils avaient l'intention d'utiliser ces armes pour se défendre, une fois la ville tombée entre leurs mains. La même source a rapporté que les terroristes avaient également avoué avoir reçu l'ordre d'abattre tous les cadres sécuritaires de la ville. Les mêmes révélations ont indiqué que la ville de Ben Guerdane était assimilée à la ville de Raqqa en Syrie et que l'opération a été baptisée «Raqqa 2». Un témoin a rapporté que l'un des chefs terroristes, Meftah Manita, criait lors de l'attaque qu'il voulait la tête de Abdelaati Abdelkebir, le chef de la brigade antiterroriste, qui a infligé des revers aux terroristes de la région, ces derniers mois. Abdelkebir a été tué chez lui, lors de l'attaque du 7 mars, après avoir abattu trois terroristes. Sollicitude gouvernementale Par ailleurs, le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a nié l'information publiée par The Mirror, concernant l'intervention de 15 militaires britanniques sur le terrain des opérations à Ben Guerdane. «Ce sont des experts civils de la sécurité frontalière», a-t-il précisé. Si les ministres de la Défense et de l'Intérieur, Ferhat Horchani et Hédi Mejdoub, étaient à Djerba (à 70 kilomètres de Ben Guerdane) depuis lundi dernier pour suivre le travail des forces armées et sécuritaires, le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, s'est déplacé avant-hier à Ben Guerdane et a rendu visite aux blessés de l'attaque terroriste à l'hôpital de la ville. Aïdi a également écouté les doléances des habitants concernant le manque d'équipements et de ressources humaines dans l'hôpital de la ville. Hier, ce fut au tour du chef du gouvernement, Habib Essid, de se déplacer à Ben Guerdane afin de s'enquérir de la situation sécuritaire et socioéconomique dans cette ville après l'attaque. Essid a réitéré l'engagement de son gouvernement à investir dans cette zone marginalisée et vivant de la contrebande. Les analystes politiques et les experts économiques n'ont cessé de s'intéresser à Ben Guerdane. Ainsi, le politologue Slaheddine Jourchi pense qu'une «poussée salafiste djihadiste a été observée à Ben Guerdane depuis 2011, en parallèle avec l'arrivée des Libyens et des étrangers fuyant la guerre en Libye». Concernant l'économie, un rapport présenté lors du 10e Forum de l'Association des économistes tunisiens (Asectu), en juin dernier, a rapporté que «l'économie parallèle représente plus de 85% du PIB de la ville et elle constitue le principal employeur de la région». Les divers rapports disent qu'il y a près de 300 points de «change» à Ben Guerdane et des centaines de points de vente d'essence ramenée illégalement de Libye. La région vit de sa situation transfrontalière et de cet échange avec la Libye. «C'est la raison pour laquelle la Tunisie n'a pas fermé ses frontières avec la Libye», selon le politologue Slaheddine Jourchi. Il n'empêche qu'après cette attaque terroriste d'envergure, «il est évident que la Tunisie va examiner rationnellement la situation socioéconomique de cette zone marginalisée ‘‘de fait'', pour pouvoir négocier sans contrainte la question frontalière», ajoute Slaheddine Jourchi.