Tahar Hadjar, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a fait son mea culpa en reconnaissant les multiples défaillances dans l'application du système LMD et en révélant les nombreux manquements de fonctionnement au sein des universités du pays. Une occasion aussi d'annoncer les grandes lignes de la nouvelle stratégie pour son secteur, lors d'une conférence de presse tenue hier au ministère de l'Enseignement supérieur, à Alger, en marge de la conférence des universités. Devant une assistance nombreuse, composée principalement de recteurs et de présidents d'université, Tahar Hadjar a parlé d'une «fusion» des trois types de doctorat délivrés aujourd'hui par les établissements de l'enseignement supérieur (des sciences, LMD et d'Etat) en un seul doctorat, et cela dès la prochaine rentrée universitaire. «Peu importe le nouveau nom qu'on va lui donner, si vous voulez, donnez-lui le nom de ‘‘doctorat algérien'', l'essentiel c'est que le nouveau doctorat unifié va rassembler les trois doctorats qui sont aujourd'hui en application. Vous savez, de nombreuses entreprises ont eu des difficultés pour recruter des doctorants du fait qu'il existe une variété non nécessaire de doctorats et cela a eu des répercussions négatives sur les plans social et économique», a déclaré le ministre. Autre souci majeur : les mastères. Aujourd'hui, quelque 5000 mastères sont proposés dans les universités algériennes. «C'est trop», a commenté Tahar Hadjar, avant d'ajouter : «Nous allons diminuer le nombre de spécialités, comme nous l'avons déjà fait avec les licences qui étaient près de 6000 avant que nous ne réduisions leur nombre à 174. Il en est de même pour le doctorat où nous avons recensé l'existence de 300 différents doctorats proposés dans les universités, ce nombre sera également revu à la baisse.» La réduction du nombre des mastères va s'étaler tout au long de cet été ; un comité est en plein travail pour l'achever avant la prochaine rentrée. Pour le ministre de l'Enseignement supérieur, les spécialités de mastère qui seront proposées aux futurs bacheliers concerneront des métiers de pointe, et ce, selon les besoins du monde du travail et en adéquation avec les technologies modernes. «Je vous cite, à titre d'exemple, la spécialité mastère scénariste. C'est un métier qui n'existe pas chez nous, pourtant, il est très important dans le monde actuel. Nous avons écarté toutes les spécialités dépassées et nous allons mettre en place une liste des nouvelles branches dès la prochaine rentrée universitaire», explique-t-il. Pour ce qui est de la qualité pédagogique des cours assurés par les enseignants, M. Hadjar s'est dit mécontent. «Nous avons observé que la grande majorité des enseignants des universités ont seulement une licence, ce qui est anormal, et je dirais plus, intolérable à l'avenir. C'est la raison pour laquelle nous allons soumettre les enseignants des universités, qui sont au nombre de 57 000 dans le pays, à une formation d'un an. Durant cette période, chaque enseignant sera obligé de faire un séminaire chaque mois, et ce, pour évaluer son niveau d'apprentissage. Pis, aujourd'hui, chaque enseignant enseigne sa propre application du système LMD aux étudiants. Alors vous imaginez, sur les 57 000 enseignants, on a 57 000 différentes explications et applications du LMD qui sont accordées aux universitaires. A l'avenir, cette situation ne se reproduira plus avec la mise en application de cette formation pour les enseignants. Prenons, à titre d'exemple, la spécialité mastère en droit : chaque université du pays propose une application totalement différente. Vous allez trouver un mastère en droit qui n'est pas compatible avec celui qui a cours à Oran. Nous avons soulevé cette problématique et nous travaillons à ce que cette spécialité soit identique dans toutes les universités du pays», a martelé le ministre lors de la conférence. Vie étudiante Abordant le sujet du classement mondial des universités algériennes qui sont régulièrement positionnées parmi les plus faibles, M. Hadjar a réagi en disant que ceux qui établissent ces classements «ont tort». «Ces académies qui font le classement des universités le font pour des raisons commerciales, scientifiques et parfois même politiques. Je vous apprends que personne ne s'est présenté à nous pour voir, de plus près, comment fonctionnent nos universités et leurs conditions pédagogiques. Ces personnes qui ont fait ces classements ont tout simplement copié ce qui est publié sur nos sites web qui relèvent du ministère de l'Enseignement supérieur. Nous n'avons rien à cacher. Nous publions dans la transparence les véritables conditions et informations relatives à nos universités. Alors, méfiez-vous de ces classements annuels qui n'ont rien de véridique sur la qualité et la modernité de nos universités, centres, écoles supérieures et instituts du pays», persiste et signe le ministre. «Nous allons créer une véritable vie à l'université au profit des étudiants. Nous avons trouvé que l'étudiant algérien passe la plupart de son temps soit à étudier soit à se promener à l'intérieur de l'enceinte de l'université. Privés de toutes occupations quelles soient culturelles, sportives, scientifiques ou autres, nos étudiants sont dans un vide phénoménal. C'est la raison pour laquelle nous allons, dès l'année prochaine, créer des championnats régionaux de divers sports. Cela dit, les étudiants auront de quoi meubler leur temps par de nouvelles occupations. Tout comme nous allons créer des clubs scientifiques et culturels pour donner du punch aux universitaires qui ont des talents et cherchent à développer leurs recherches scientifiques dans un cadre collectif», a expliqué Tahar Hadjar. Avant de conclure, l'ex-recteur de la faculté d'Alger, Tahar Hadjar, a affirmé que l'année prochaine sera un défi pour la tutelle sur tous les plans. «Nous avons songé aux futurs bacheliers qui seront très nombreux à la prochaine rentrée universitaire du fait que cette année près d'un million de lycéens vont passer le baccalauréat, et pour cette raison nous allons réceptionner 99 000 places pédagogiques et 55 000 lits avant octobre prochain», a conclu le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.