L'enseignement dans l'université algérienne a été fortement remodelé suite à différentes réformes. Mais celle qui est considérée comme l'une des plus importantes, que l'université algérienne n'a jamais adoptées, est le système LMD (Licence-Mastère-Doctorat). Calqué sur un mode d'enseignement européen, le LMD a été mis en application durant l'année universitaire 2003-2004. Ce système a pour principe l'atteinte de chaque niveau supérieure par l'acquisition de la totalité de crédits (avoir une note égale ou supérieure à 10 pour pouvoir valider chaque module). Pour sa particularité majeure, le système LMD a réduit le nombre d'années pour décrocher un diplôme universitaire (trois ans pour une licence au lieu de quatre). Ce système offre aussi aux étudiants plus de choix pour exercer leurs professions ultérieures à partir des nombreuses spécialités qui se présentent à eux. Aujourd'hui, plus de dix ans après sa mise en application, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a déclaré, dimanche, depuis Oran, de la tenue d'une conférence nationale d'évaluation du système LMD, en fin d'année en cours. Cette conférence qui regroupera plusieurs enseignants et spécialistes a pour objectif, précise le ministre, «d'évaluer» le système LMD mais non pas d'«apporter des modifications». Une conférence qui tombe à pic. Car elle intervient à un moment où des interrogations sont soulevées, continuellement, au sein de la communauté universitaire. Un sondage réalisé en 2012 par des étudiants en mathématiques de l'université de Tizi Ouzou a dévoilé des statistiques ahurissantes sur le système LMD. Pour ne citer que cet exemple, 75,6% des sondés se sont dit «non satisfaits des méthodes d'enseignement» contre 24,4% d'étudiants satisfaits. Les causes avancées par les étudiants sont le manque de communication entre les enseignants et les étudiants, soulignant que les cours sont «trop rapides et/ou mal enseignés». Ceci est dû, selon un enseignant de l'université d'Alger, au manque d'enseignants spécialistes dans les nouvelles filières introduites depuis l'adoption du système LMD. «Les enseignants assurent des modules qui ne relèvent pas de leur spécialité. Il est donc tout à fait normal qu'un étudiant ne puisse pas être formé réellement dans sa spécialité», rétorque notre interlocuteur. Il aurait fallu, sans doute, ajoute ce dernier, «former des enseignants spécialistes avant d'ouvrir des places pédagogiques dignes de produire des étudiants capables d'occuper un poste de travail relatif à son diplôme». Il est donc attendu de cette conférence une réelle prise en charge «des lacunes» constatées dans le système LMD.