La réhabilitation ou pas de n'importe quel cadre de l'Etat poursuivi ou injustement incarcéré relève des prérogatives exclusives de la justice. Le pouvoir ne devrait pas faire dans la provocation.» C'est là l'avertissement lancé hier par Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), à l'ouverture de la conférence des délégués de la wilaya d'Alger organisée à El Harrach. S'exprimant sur le retour en Algérie de Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie et des Mines, l'oratrice le qualifie, contre toute attente, de «non-événement». «Le retour du citoyen Chakib Khelil, jeudi en Algérie, est jusqu'à maintenant un non-événement. Actuellement, il existe bien des ministres qui font le va- et-vient à l'étranger et nous savons tous que les poursuites judiciaires contre lui ont été suspendues», s'est exclamée Mme Hanoune. Restant dans les mises en garde et les avertissements, la leader du PT a fait le lien entre le retour de Khelil, dont le nom est lié au scandale Sonatrach, et le chaos qui règne actuellement au Brésil en raison, entre autres, de la corruption qui gangrène cet Etat. Louisa Hanoune tire la sonnette d'alarme et avertit contre un scénario à la brésilienne, convaincue que les événements qui secouent le Brésil ont été déclenchés et alimentés par le dossier de corruption dans une société pétrolière Petrobras, l'équivalent de Sonatrach en Algérie. «Il suffit d'une petite flamme pour qu'il y ait une explosion. Les Algériens ne sont pas dupes, la preuve a été donnée à partir du Brésil», tranche Mme Hanoune qui prévient contre les dangers de toute provocation. «Réhabiliter Chakib Khelil alors qu'il y a des milliers de cadres marginalisés après avoir été blanchis par la justice est un mépris pour ce peuple», estime-t-elle, se défendant d'un quelconque changement de la position de son parti, notamment lorsqu'il s'agit de questions qui touchent essentiellement à la souveraineté nationale. La secrétaire générale du PT a rappelé, dans la foulée, le combat mené par sa formation contre la loi sur les hydrocarbures présentée à l'époque par Chakib Khelil et la position du président de la République qui a répondu favorablement à cette doléance en procédant au retrait de ce projet antinational. «Que Dieu préserve l'Algérie du pire», lance-t-elle. Notons qu'il y a un mois, Louisa Hanoune avait menacé de rendre publiques des informations concernant l'implication de Chakib Khelil dans des opérations mafieuses menées par des parties en relation avec des services de renseignement au niveau international. Elle avait accusé Chakib Khelil de «haute trahison». Hier, elle n'a pas évoqué ces dossiers, mais a juste invité la justice à jouer son rôle. Par ailleurs, lors de son discours d'un peu moins d'une heure, Mme Hanoune a vivement critiqué le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, et la politique économique du gouvernement. Pour elle, le recours à l'endettement interne est une solution de facilité, alors que l'endettement extérieur est déconseillé par nombre d'experts qui, explique-t-elle, s'interrogent sur la gestion démocratique des deniers publics et sur le statut des projets publics que l'Etat envisage de lancer à travers l'emprunt obligataire. Mme Hanoune a tiré à boulets rouges sur «le FMI qui n'a pas à nous dicter la marche à suivre. Nous disons au FMI que les Algériens n'accepteront jamais le retour à la pauvreté, ni la réduction du cours du travail ni la généralisation de la réglementation». La conférencière a précisé que son parti débattra de toutes ces question lors de la conférence nationale des cadres qui se tiendra le weed-end prochain.