Elle dit n'avoir pas l'intention de « hurler avec les loups », elle n'en apporte pas moins du bois au bûcher qui risque de consumer le tout-puissant ministre de l'Energie et des Mines. Entre Chakib Khelil et Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), la lune de… fiel ne sera décidément pas consommée de sitôt. Interrogée par Jeune Afrique – le magazine français publie cette semaine un dossier spécial corruption sous le titre calamiteux : « Algérie : Au pays des mille et un bakchichs » –, Louisa Hanoune dit tout le bien qu'elle pense de l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, ministre dont la responsabilité est mise en relief dans les gros scandales financiers qui secouent depuis quelques semaines la compagnie pétrolière nationale. « Je ne pleurerai pas sur son sort, c'est tout de même quelqu'un qui a failli réussir à privatiser Sonatrach en 2002 », déclare, rêche, la porte-parole du Parti des travailleurs et députée d'Alger. Bien qu'ancienne, la forte animosité (idéologique), dont fait preuve la pasionaria déchue du camp démocratique à l'égard de certains membres du gouvernement – en tête Chakib Khelil, l'instigateur de la loi de mars 2005 sur les hydrocarbures (adoptée puis abrogée) –, n'empêche pas Louisa Hanoune de croire en la bonne foi du ministre qui soutenait au lendemain de l'éclatement du scandale n'être pas tenu « au courant » des investigations du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). « Je le crois volontiers quand il affirme ne pas être au parfum », dit-elle sans autre forme d'éclaircissement. « Je refuse de hurler avec les loups » Ce n'est toutefois pas la première fois que Chakib Khelil prend une volée de bois vert. Le 23 janvier dernier, au détour de la réunion de la commission syndicale de son parti, Louisa Hanoune mettait en joue Chakib Khelil dans l'affaire BRC. Au ministre, elle reproche entre autres d'avoir fait de l'Agence de régulation des hydrocarbures « un Etat dans un Etat », et d'avoir favorisé la formule du « gré à gré » dans l'octroi des marchés publics dans le domaine de l'énergie. Autrement, l'opposante BC-BG ne s'encombre pas de contradictions. Louisa Hanoune fait endosser la paternité de l'opération mani pulite (mains propres), opération de mise dans plusieurs secteurs, au président de la République. La lutte contre la corruption, reconnaît Louisa Hanoune, est le cheval de bataille du candidat Bouteflika. « L'aspect le plus intéressant des meetings électoraux de Bouteflika est son engagement à lutter contre ce phénomène. » Plus loin, elle émet doutes et réserves sur la bonne foi des promoteurs de l'actuelle opération « mains propres » et convoque, pour ce faire, la tristement célèbre campagne de « moralisation de la vie publique », menée tambour battant par Ahmed Ouyahia, chef de gouvernement à l'époque. « Nous avons vécu une douloureuse expérience en 1996, quand une dizaine de cadres dirigeants du secteur public avaient été injustement arrêtés, puis emprisonnés durant de longues années avant d'être blanchis par la justice. Tout cela parce qu'ils s'opposaient à la mise en œuvre des injonctions du FMI. C'est pourquoi, je refuse de hurler avec les loups. » Certes, Louisa Hanoune ne hurlera pas avec les loups, elle pactisera néanmoins. Début décembre, à la veille des sénatoriales, Louisa Hanoune rendra publique son « alliance » avec le parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le Rassemblement national et démocratique (RND). Une « alliance » que de nombreux observateurs de la scène politique ont qualifiée de « contre nature ».