Alors qu'il fait déjà jaser dans les chaumières et suscite moult interrogations, le retour au pays de l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, cité par la presse dans des scandales de corruption qui ont éclaboussé la compagnie Sonatrach, est pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), sa pourfendeuse, un "non-événement". "Le retour du citoyen, Chakib Khelil, hier en Algérie, est jusqu'à maintenant un non-événement. Car beaucoup de ministres partent et reviennent. Les poursuites judiciaires contre lui ont été suspendues", a rappelé, hier, Louisa Hanoune, au terme de son allocution à l'ouverture de la conférence des délégués de la wilaya d'Alger organisée à El-Harrach. On ignore si la SG du PT, par précaution sans doute dans cette conjoncture politique marquée par une grande opacité, se refuse à se prononcer sur un dossier aussi sulfureux ou par l'absence d'éléments probants pour interpréter ce retour. En tout cas, ses propos tranchent singulièrement avec la croisade qu'elle n'a cessé de lancer contre Chakib Khelil, depuis la fameuse loi de 2005. Du reste, elle ne manque pas de faire le parallèle entre les "affaires Sonatrach" et la crise qui secoue le Brésil, ces derniers temps. "Les événements qui ébranlent aujourd'hui le Brésil ont commencé avec le scandale de corruption de la compagnie Petrobras", dit-elle. D'où cette mise en garde contre toute provocation. "Attention à toute provocation !" Louisa Hanoune rappelle, également, le rôle de l'ex-ministre dans l'élaboration de la loi sur les hydrocarbures en 2005 avant que le président Bouteflika, sous l'effet de la pression de plusieurs partis, personnalités et même dit-on du défunt président vénézuélien, Hugo Chavez, ne la retire. Selon elle, la "réhabilitation ou non de n'importe quel cadre poursuivi relève exclusivement des prérogatives de la justice". Si Louisa Hanoune insiste et met en garde systématiquement contre les "provocations", c'est parce que, à ses yeux, les ingrédients d'une explosion sociale sont réunis à travers la loi de finances "antisociale qui menace les équilibres", alors que le pays est "entouré de volcans". D'où son appel à renforcer le "front intérieur" et "l'immunité du pays" à travers des mesures politiques et économiques, le respect du pluralisme, le renforcement des libertés, la gestion transparente des ressources et le parachèvement de la charte pour la paix et la réconciliation à travers la prise en charge des "dossiers en suspens". "C'est une question de survie pour la nation. Toute provocation politique ou économique peut allumer la fitna. Nous mettons en garde. L'orientation socioéconomique en cours est source d'angoisse." Louisa Hanoune ne manque pas de décocher quelques flèches à Amar Saâdani, lui aussi héraut de la Constitution d'un front intérieur. "Renforcer le front intérieur n'est pas un slogan creux pour nous. Il ne doit pas être un instrument pour faire pression sur les consciences, notamment les travailleurs et les jeunes, pour les faire plier", a-t-elle dit. Karim Kebir