« Son nom ne figure pas sur la liste des 406 martyrs enterrés dans le cimetière des chouhadas de Menaceur ». Au moment où les hautes autorités du pays insistent sur l'écriture de l'Histoire de la guerre de libération nationale, l'administration en charge des moudjahidines dans la wilaya de Tipasa continuent à végéter dans le virtuel, pour se trouver dans la déliquescence, privant par conséquent la jeunesse et les générations futures des vrais repères et la réalité sur les authentiques actes héroïques des femmes et des hommes qui se sont sacrifiés pour que notre pays retrouve son indépendance.
Cela se passe dans la commune de Menaceur. « La femme sans sépulture » écrit par Assia Djebar demeure hélas d'actualité. 54 ans après la signature des accords d'Evian, la tombe de l'héroïne Zoulikha, de son vrai nom Yamina Oudaï n'existe pas. Cette algérienne tombée au champ d'honneur à l'âge de 46 ans dérange les consciences des « gardiens du temple ». Yamina avait subi les pires tortures durant 10 jours dans les djebels de Menaceur, l'épouse du chahid Ahmed Oudaï et la maman du chahid Lahbib Oudaï, a été exécutée froidement par les soldats français, le 25 octobre 1957, après avoir craché sur le visage d'un capitaine. Elle était la responsable de l'organisation politico-militaire de Cherchell. Elle dirigeait les djounouds de l'ALN dans les zones rurales de Menaceur et les femmes responsables de cellules de soutien à Cherchell.
L'ONM ignore son existence !
Les responsables de l'organisation nationale des moudjahidines (ONM) de la commune de Menaceur et de la daïra de Sidi Amar ignorent totalement l'existence de cette femme. « Son nom ne figure pas sur la liste des 406 martyrs qui sont enterrés dans le cimetière des chouhadas de Menaceur », nous précisent nos interlocuteurs. Les responsables locaux de l'ONM nous orientent vers une tombe portant le n° 196, ayant pour nom Oudaï Fatma, tuée en 1958. Comment peut-on écrire l'Histoire de la guerre de libération en affichant des informations fausses, plus grave encore, quand cela vient d'une organisation nationale.
Assia Djebar avait raison. La tombe de Zoulikha, cette redoutable combattante qui avait abandonné sa maison et ses enfants en bas âge pour donner sa vie à son pays, est introuvable. Après avoir célébré fastueusement la journée internationale de la femme, en mangeant et en dansant, grâce aux sacrifices de ces algériennes martyres, Zoulikha n'a toujours pas sa sépulture. Quelle honte pour notre pays qui célèbre aujourd'hui, le 19 mars, « la fête de la victoire ». Que signifie ce déni envers ces martyrs qui ont irrigué le sol de la patrie avec leur sang ?