La Commission nationale des programmes a présenté, hier, les améliorations issues de la réforme de 2003. Les associations de parents d'élèves et les syndicats du secteur de l'éducation ont eu les grandes lignes concernant la deuxième génération de ces programmes. Un document de 250 pages compile les améliorations et les changements issus des travaux des experts et spécialistes et de toutes les propositions des différentes catégories composant la communauté scolaire, à travers les conférences dédiées à cet effet. La réécriture des programmes scolaires «ne concernera en aucune manière les constantes nationales (...) et ne saurait en aucun cas affecter les principes qui fondent la politique de l'éducation, conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi d'orientation sur l'éducation nationale. Le secteur s'emploie non seulement à promouvoir les valeurs liées à l'islam, à l'arabité et à l'amazighité mais aussi à inculquer à nos enfants le sens de la citoyenneté et l'attachement à l'unité nationale et aux symboles de la nation», avait affirmé la ministre de l'Education à l'ouverture des travaux de la journée d'information sur les programmes de deuxième génération. Mme Benghebrit a expliqué que dans le cadre de la réécriture des programmes, le ministère s'est attelé à «mettre en avant le patrimoine national qui représente un taux infime dans les programmes actuels (2%)», précisant que cet aspect sera «essentiel dans les nouveaux programmes». «Ils seront axés sur l'enseignement des dimensions géographique, historique, humaine et civilisationnelle du pays à travers l'introduction de nombreux auteurs algériens», a ajouté Mme Benghebrit, soulignant que le défi du secteur est de «former une jeunesse équilibrée, en parfaite harmonie avec sa société, dotée des compétences l'habilitant à concevoir et à réaliser ses propres projets». «Ces changements visent à réconcilier l'élève algérien avec ses valeurs, son pays, son histoire et soi-même», explique Nedjadi Messeguem, inspecteur général au ministère de l'Education nationale, contacté à la fin de la réunion. Les nouveaux programmes et manuels qui constitueront l'outil de travail des 1re et 2e années primaires entreront en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire. 80% du contenu seront puisés du patrimoine algérien. «Les auteurs et textes, ainsi que les thèmes seront puisés essentiellement de la culture algériennes par des auteurs nationaux», explique le même responsable. Trois membres de la commission nationale des programmes ont exposé les nouveaux mécanismes d'évaluation et les approches d'apprentissage concernant les langues nationales et étrangères et les mathématiques. Il faut rappeler dans ce contexte que, selon les rapports des experts, exposés lors de la conférence nationale d'évaluation de la réforme, les langues et les mathématiques sont des matières à échec vu que les notes sont en deçà de la moyenne pour la majorité des élèves, ce qui implique de nouveaux outils d'apprentissage. Réconcilier l'élève avec son pays Un plan de formation sera lancé en plusieurs sessions au profit des enseignants pour information et formation, afin que les nouveaux dispositifs soient mieux cernés par ceux appelés à les appliquer sur le terrain, explique M. Messeguem. Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest) estime, quant à lui, que le système d'évaluation dès le début de la scolarité a montré son inefficacité, avec 18% de taux d'échec dès la 2e année primaire. «L'objectif de l'évaluation est de déceler les dysfonctionnements de compréhension chez l'apprenant en vue d'y remédier. Or si les enseignants ne sont pas accompagnés pour la maîtrise de ce système, cela produira sans nul doute l'effet inverse, c'est-à-dire évaluer pour sanctionner», explique M. Meriane, en appelant à un meilleur accompagnement des enseignants sur ce volet. Il salue en outre l'objectif fixé par la tutelle, à savoir l'introduction d'auteurs algériens dans les manuels scolaires. L'Association nationale des parents d'élèves s'intéresse, en plus de la référence nationale des matières d'apprentissage, à l'approche moderne prônée dans les nouveaux programmes. «Nous espérons qu'avec cette nouvelle approche, nos enfants seront plus orientés vers la compréhension et l'expérimentation que le parcœurisme», soutient Khaled Ahmed, président de l'Association nationale des parents d'élèves. De son côté, Ali Benzina, président de l'Organisation nationale des parents d'élèves, regrette que cette révision «ne soit pas faite avec le partenaire social». Concernant la nouvelle approche, M. Benzina estime que «le résultat est tributaire de l'application sur le terrain. Théoriquement, les révisions concernent toutes les remarques relevées par toutes les parties intervenant en milieu scolaire, mais le résultat dépend de la capacité des enseignants à les appliquer sur le terrain».