L'avènement des nouvelles technologies permet aux chercheurs d'obtenir des résultats plus fiables grâce à la rigueur et à la précision des instruments. Parmi ces derniers figure l'imagerie satellitaire. Un outil qui a donné, grâce à la finesse de sa résolution spectrale et spatiale, un nouvel essor à l'évolution de la cartographie des ressources naturelles. L'exemple de l'étude effectuée par des chercheurs de l'université algérienne en collaboration avec l'université japonaise Kyushu sur le gisement de fer de Gara Djebilet témoigne de l'importance de ces méthodes scientifiques dans la prospection minière. En effet, cette région, située dans la partie sud-ouest du pays, au sud de la wilaya de Tindouf, à la frontière avec la Mauritanie, recèle une source importante de minerai de fer. Le territoire est considéré comme la plus riche réserve du continent africain en cet élément. A cause de ses reliefs difficiles et de son terrain accidenté qui compliquent l'accès, les techniques de télédétection et de géophysique restent les meilleurs moyens pour établir une cartographie fidèle de la teneur en fer dans cette région. Ainsi, les formations de Gara Djebilet sont caractérisées par une forte teneur en minerai de fer particulièrement riche en hématite, chamosite et goethite. Selon l'étude intitulée «Aerogravity and remote sensing observations of an iron deposit in Gara Djebilet, southwestern Algeria» (gravimétrie aérienne et télédétection dans l'exploration de gisement de fer dans la région de Gara Djebilet), réalisée par les deux chercheurs Mohand Bersi de l'université des sciences et de la technologie (USTHB) et Moulley Charaf Chabou de l'université de Sétif, dirigés par Hakim Saibi, professeur en géophysique à l'université Kyushu (Japon), la haute teneur en fer provoque une d'absorption à 0,88 mm référencée dans la bande 5 (infrarouge proche) du tableau des bandes spectrales défini par l'instrument OLI (Operational Land Imager) du satellite Landsat 8. «Dans cette étude, nous avons eu recours à des données géologiques et aéromagnétiques ainsi que les données de télédétection dans le but de cartographier la répartition du gisement en fer à Gara Djebilet», note l'étude. Pour avoir une image exploitable de la richesse du sol en minerai, de nombreux capteurs d'informations sont utilisés pour en fin de compte donner un aperçu le plus proche possible de la réalité, du trésor emmagasiné. Plusieurs traitements de télédétection sont employés, à l'instar des éléments coloriés, du rapport de bandes, de l'analyse des composantes principales ainsi que de l'utilisation de l'index mathématique qui permet de localiser la surface de la répartition du minerai de fer. «La combinaison des résultats obtenus de deux techniques — télédétection et gravimétrie — nous ont aidé à évaluer le potentiel en minerai de Ghar Djebilet à environ 2,37 milliard de tonnes dont 57% de fer», expliquent les chercheurs. Selon l'étude précitée, les différentes techniques de télédétection utilisant les images multispectrales permettent la localisation des gisements de minerai. Quant à la gravimétrie, elle permet de fournir une cartographie détaillée sur le capital en fer. Les deux techniques sont utilisées de manière combinée ou séparée afin de localiser les différents types de minerai. Ainsi, si l'on se réfère aux résultats de l'étude, le potentiel en fer de Gara Djebilet est plus que juteux. Avec 57% de 2,37 milliards de tonnes, la quantité de fer pourrait donc atteindre 1,35 milliard de tonnes. Et à un prix moyen, sur les marchés internationaux, de 50 dollars la tonne, la caisse afficherait donc un résultat de plus de 67 milliards de dollars. Dernièrement, le ministre de l'Industrie et des Mines révélait les résultats d'un bureau d'étude canadien qui indiquait que la teneur en fer du site est estimée à 62% de la quantité totale du minerai détecté. A cette occasion, M. Bouchouareb avait annoncé que l'exploitation des gisements de ce site, «le plus grand du monde» selon lui, démarrerait vers la fin 2016.