Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Omar Ramdane, s'est montré choqué, avant-hier, par les propos peu amènes tenus à l'égard des entrepreneurs privés par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI), Abdelhamid Temmar. Dans le sillage des débats qu'organise le FCE durant les soirées ramadhanesques, M. Ramdane a considéré les critiques de Temmar irrecevables, tout en se demandant « combien de fois ce responsable a-t-il réuni les entrepreneurs pour discuter de leurs problèmes ? ». Pour le président du FCE, si le privé algérien « a fait le plein », allusion aux propos tenus par « Monsieur privatisation », « il n'aura qu'à continuer la route », a-t-il ajouté, avant d'asséner que « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». M. Temmar avait déploré dernièrement que le secteur privé soit absent dans les « activités industrielles nobles » où se joue la compétitivité et exprimé des craintes quant au ralentissement de leur dynamisme, avant de se demander si le privé algérien « n'avait pas fait le plein ». Cette « mise au point » du FCE est intervenue à point nommé, puisque la thématique développée par les invités de cette association patronale lors des débats d'avant-hier avaient pour thème Pour une politique du crédit, du foncier et de la fiscalité au service d'une dynamique de l'investissement. Pour le FCE, il a été relevé des contraintes liées entre autres au manque de visibilité de la politique nationale en matière d'investissement ; une mauvaise gestion du foncier ; la faible performance du système financier ainsi que le poids de l'économie informelle. Cette dernière, estimée entre 40 et 45% de l'activité économique dans le pays est, de l'avis de M. Ramdane, « un repoussoir pour nationaux et étrangers » et « aspire l'économie formelle », avant de clamer : « C'est grave et ça peut se transformer en activité maffieuse. » En termes de mesures fiscales à même de booster l'investissement, le FCE a proposé de ramener le taux de l'IBS à 10% et de le supprimer totalement dans les régions à promouvoir. Le FCE propose, en outre, la réduction du taux de prélèvement de l'IRG pour le ramener à 20% et supprimer la double imposition des entrepreneurs à l'IBS et à l'IRG sur les dividendes des sociétés. De même qu'il a été recommandé d'unifier la TVA au taux unique de 10% ou un taux représentant la moyenne des taux en vigueur ; la suppression de la TAP ainsi que la réduction des prélèvements obligatoires en matière de charges sociales. Pour le président du FCE, les incidences des trois mesures concernant l'IBS, l'IRG et la TVA ne devraient pas dépasser les 180 milliards de dinars, ce qui paraît tout à fait supportable dans la conjoncture actuelle des finances publiques, selon ses dires. Le FCE a aussi appelé à lever définitivement le « verrou » du foncier industriel, tout en ironisant sur le décret d'août 2006 permettant à l'Etat de vendre aux enchères des terrains destinés à recevoir des projets industriels. « L'Etat se découvre une fonction de spéculateur », a-t-il dit, en ajoutant que « c'est de l'irréalité totale que de croire régler ce problème par ce système des enchères ». Concernant le financement de l'investissement, le FCE a préconisé un taux d'intérêts pour les crédits à l'investissement à hauteur de 4,5% et une bonification de 2% des crédits à l'investissement. Il a été recommandé, en outre, de procéder à l'augmentation des fonds propres des banques et d'assurer le fonctionnement effectif de la caisse de garantie des investissements.