Incontestablement, c'est le rêve de tout étudiant que de celui de pouvoir s'inscrire dans une université prestigieuse pour poursuivre son cursus de post-graduation. Le parcours est jalonné d'embûches entre démarches et procédures qui finissent par en dissuader plus d'un. Et certains étudiants l'ont appris à leurs dépens. «J'ai voulu tenter ma chance pour les Etats-Unis, et après ce que je viens d'entendre, je ferai mieux d'y renoncer», nous a confié Malik, un master II en poche, échaudé a priori par les réalités de l'octroi de visa qu'il vient de découvrir. C'était dimanche dernier, lors d'une conférence sur les modalités d'attribution de visa - hors immigration -, animée par une équipe de la mission diplomatique américaine à Alger. L'intervention de la vice-consul, Brett Walkley et ses collègues s'inscrit dans le cadre de la Semaine culturelle américaine, du 24 au 28 mars, organisée dans le sillage de l'événement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Ainsi, tel un vœu pieux, le rêve de cette nuée d'étudiants venus s'enquérir des dispositions relatives à l'obtention d'un «visa étudiant» est loin d'être à portée de main, quand bien même il est délivré en moins d'une semaine. Il ne s'agit pas de lourdeur bureaucratique, mais tout se joue autour de la crédibilité. «Il faut être un touriste ou un étudiant crédible», expliquera la conférencière. Comment s'y prendre lors de l'entretien, passage obligé pour les demandeurs de ce sésame, pour faire preuve de bonne foi ? Et à l'assistance de s'interroger et de chercher des réponses concises. L'exposé des Américains a duré une heure au cours de laquelle chacune des personnes concernées par le sujet et présente a espéré avoir une réponse qui lui sied plus ou moins, mais ce n'était pas gagné. Un intervenant a exposé son cas, et cela a conforté les autres présents dans le fait que leur quête n'est pas de tout repos. L'intéressé a déjà effectué un voyage aux Etats-Unis, sa sœur étant résidente au Texas. Y repartir de nouveau dans le cadre d'un éventuel regroupement familial lui a été refusé. Sa demande, selon ses dires, formulée en 2003, n'a reçu de réponse (négative) que sept ans plus tard, soit en 2010. La déception était visible sur les visages. Nombre d'étudiants n'ont pas eu de réponses à leurs questionnements et n'étaient guère satisfaits. L'assistance saura qu'il existe au moins quatre types de visa pour les touristes et les étudiants. Exclusivement, les B1 et B2 sont des visas touristiques. Ils sont délivrés pour toute personne voulant effectuer un séjour aux Etats-Unis ou rendre visite à la famille. Selon la réciprocité algéro-américaine, la validité du document est de deux ans avec une «sortie-entrée» tous les six mois. Pour les étudiants, c'est le visa F1. Mais pour le décrocher, il faut justifier d'un bon niveau linguistique, un compte bancaire solide, et surtout faire preuve de crédit. «Il faut prouver que vous êtes un étudiant sérieux et crédible», n'a cessé de ressasser la vice-consul à l'adresse de tous ceux tentés d'aller approfondir leurs connaissances outre-Atlantique. Et de rassurer : «Il ne faut pas se décourager, il faut être persévérant.» Oui, mais comment les futurs postulants pourront-ils prouver davantage leur «fiabilité» alors que l'une des conditions majeures de l'obtention du visa s'avère être celle de débattre de son projet d'avenir en Algérie après la fin des études aux USA ? L'autre écueil, et de taille celui-là, ce sont les frais de scolarité. Le visa étudiant vous revient à 160 dollars USD, soit presque 20 000 DA. Il est de notoriété que les études coûtent cher au pays du libéralisme. L'un des conférenciers qui a obtenu sa licence il y deux ou trois ans dévoilera qu'il avait déboursé 12 000 dollars en frais de scolarité. De quoi rebuter plus d'un. Ces étudiants intéressés par le pays de l'oncle Sam ont-ils une chance, aussi infime soit-elle, de pouvoir concrétiser leur projet ? Selon la vice-consul, Brett Walkley, le nombre de visas accordés l'année dernière pour les différentes catégories de demandeurs aurait avoisiné les 20 000. L'espoir est donc permis… LE FULBRIGHT ET LES AUTRES Il existe un moyen tout aussi compliqué que le précédent, mais qui reste faisable, pour paraphraser notre interlocutrice. Il s'agit des programmes d'échanges. Cette option présentée sous le visa G1 ouvre la voie à la poursuite des études dans l'une des universités américaines. Mais seuls les étudiants excellents demeurent éligibles à ce genre d'échange, à l'exemple du Fulbright. «Le programme Fulbright de bourse d'études au USA permet aux Algériens de poursuivre des études en niveau de post-graduation dans les universités américaines en bénéficiant d'une prise en charge totale.Ce programme vise à développer des compétences et une formation universitaires de qualité pour les étudiants et nouer des relations d'études étroites entre l'Algérie et les USA. Il offre l'opportunité aux étudiants algériens de se faire remarquer. Les étudiants sélectionnés auront le privilège d'être totalement pris en charge et inscrits dans les universités pour des études de post-graduation avec la spécialité de leur choix pour plus de deux années d'études avec tous les frais couverts. L'ambassade des USA prend en charge l'inscription des étudiants et de leurs orientations d'études», peut-on lire dans la documentation proposée. Ce programme s'adresse aux étudiants détenteurs de licence dans toutes les filières, excepté la médecine, et à ceux qui ont une parfaite maîtrise de la langue anglaise et une aptitude à fonctionner aisément sur les plans académique et social. Aussi, avoir obtenu un score de 90 à 92 dans le programme Toefl IBT . Ce dernier est un programme d'aptitude poussée en langue anglaise. «Beaucoup de programmes d'études universitaires américains exigent un test d'aptitude poussé en langue anglaise. Le but de ces tests est de s'assurer du niveau et des capacités réelles des étudiants pour pouvoir poursuivre avec succès des études universitaire aux USA. Le Toefl est l'un des types de tests qui évalue les capacités linguistiques de l'étudiant en anglais. Le Ielts est un autre exemple de test. Le Toefl est proposé en Algérie pour le prix de 185 dollars pour s'enregistrer. Le Toefl IBT est la version internet unique accessible en Algérie.» Les Etats-Unis financent 46 programmes d'échanges. Chaque année, plus de 338 étudiants algériens en bénéficient, selon le site de l'ambassade américaine. A quelques unités près, la même statistique a été avancée par Joan A. Polaschik. L'ambassadrice US en poste à Alger depuis le 14 août 2014 a insisté, lors d'une conférence de presse organisée le 23 mars à l'occasion de la tenue de la Semaine culturelle américaine «Taste of America», sur le rôle de la diplomatie pour la consécration de la coopération entre les peuples, notamment dans l'éducation et les échanges universitaires, d'où l'«Exchange Programs». La cheffe de la mission diplomatique américaine est à sa seconde visite à la ville des Ponts. «L'Algérie vit au rythme d'une dynamique culturelle étonnante, et les Etats-Unis d'Amérique considèrent la consolidation des relations culturelles entre les deux pays comme une priorité», a-t-elle déclaré. Tout en soulignant l'évolution des échanges, elle a rappelé qu'en 2015, pas moins de 350 Algériens ont effectué des séjours linguistiques, sportifs et culturels aux USA, et que des partenariats avec 23 écoles pour l'apprentissage de la langue anglaise ont été scellés. Lors de sa première visite, le souhait d'un jumelage entre les universités Mentouri (Constantine) et celle du Michigan (USA) a été formulé. C'était en date du 20 septembre 2015 où au musée Cirta, Mme Polaschik a remis un chèque de 41 666 dollars au directeur du musée de Sétif, et ce, dans le cadre du Fonds des ambassadeurs pour la préservation culturelle. «Etant intéressés par la culture et l'archéologie, les USA ont toujours agi dans le sens de préserver ces richesses dans le monde», laissera-t-elle entendre.