A l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) a réitéré sa jonction inconditionnelle à la coalition mondiale contre la peine de mort et relance son appel à ce que « la réforme institutionnelle doit s'inscrire dans la voie incontournable de la construction de l'Etat de droit ». Revenant sur la question de la peine de mort en Algérie, le signataire du communiqué parvenu à notre rédaction, le président de la LADH, l'avocat Boudjemaâ Ghechir, rappelle que le projet de modification du code pénal, approuvé en Conseil des ministres le 25 mars dernier et déposé le 1er avril à l'APN, maintient les termes de l'article 5 qui prévoit la peine de mort parmi les « peines principales en matière criminelle ». « La volonté de l'Etat manque d'effectivité, faisant à chaque fois ressortir le prétexte des réticences des parties opposantes à l'abolition. » La peine de mort continue d'être prononcée. La ligue souligne aussi l'élargissement des incriminations des actes subversifs contenus dans la loi du 25 février 1995, toujours en vigueur. La LADH fait un constat mitigé, car la ligue relève également une certaine « évolution positive » dans ce dossier. Maître Ghechir cite le moratoire sur les exécutions proclamé par le président Liamine Zeroual en 1993, la grâce -peines commuées en prison à vie- des 115 condamnés à mort prononcée par le président Abdelaziz Bouteflika, ainsi que la ratification de la Convention internationale, notamment celle des droits de l'enfant, la convention contre la torture et les traitements cruels et dégradants de la personne humaine, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. La LADH demande également que les modifications apportées à la législation pénale soit rigoureusement alignées sur les textes et pactes internationaux de droits de l'homme. « Nous saisissons l'occasion pour réitérer notre appel à faire respecter les normes internationales pénitentiaires, l'humanisation du milieu carcéral et plaidons également pour des alternatives à l'emprisonnement, et pour la réforme et l'indépendance du système judiciaire », déclare maître Ghechir. Pour rappel, et depuis 1990, plus de 40 pays et territoires ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, selon Amnesty International. Certains sont des pays d'Afrique (parmi les exemples récents figurent la Côte d'Ivoire ou le Liberia) ; d'autres, des Amériques (Canada, Mexique, Paraguay) ; ou encore ceux d'Asie et du Pacifique (Philippines, Bhoutan, Samoa) ou bien d'Europe et d'Asie centrale (Bosnie-Herzégovine, Chypre, Moldavie, Monténégro, Serbie, Turkménistan, Turquie). Au cours de l'année 2005, au moins 2148 prisonniers ont été exécutés dans 22 pays et territoires et 5186 personnes condamnées à mort dans 53 autres. Ces chiffres reflètent uniquement les cas dont Amnesty International a eu connaissance et sont certainement en deçà de la réalité. En 2005, 94 % des exécutions recensées ont eu lieu en Arabie Saoudite, en Chine, aux Etats-Unis et en Iran.