Deux jeunes frères de Bordj Bou Arréridj ont été condamnés à mort par un tribunal parce qu'ils ont mis le feu à un lit dans leur domicile, suite à une dispute. Le procureur, qui a requis 12 ans de prison, a fait appel. Les deux jeunes hommes ont été condamnés sur la base d'un article du code pénal prévoyant la perpétuité pour l'auteur d'incendie volontaire contre un lieu d'habitation, quelles que soient sa nature ou sa propriété. Cet article prévoyait, avant son amendement, la peine capitale. « Le juge doit essayer de comprendre le pourquoi du comment des choses : des jeunes aux horizons bouchés, chômage, détresse. La justice doit tenir compte de cela, sinon elle se transforme en machine infernale », a réagi Boudjemâa Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), contacté hier au téléphone. Sa ligue a demandé l'abolition de la peine de mort à maintes reprises. Pour rappel, la peine capitale n'a pas été appliquée en Algérie depuis août 1993, date à laquelle ont été exécutés à Tazoult (ex-Lambèse) les sept condamnés à mort impliqués dans l'attentat de l'aéroport d'Alger qui a fait 9 morts et 128 blessés, le 26 août 1992. Un moratoire a été décidé en décembre 1993. Le projet de modification du code pénal, approuvé en Conseil des ministres le 25 mars 2006 et déposé le 1er avril auParlement, prévoit toujours l'application de la peine capitale. Ce projet de modification de l'ordonnance de 1966 relatif au code pénal maintient les termes de l'article 5 qui prévoit la peine de mort parmi les « peines principales en matière criminelle ». Le 14 octobre 2006, l'APN a approuvé à la majorité absolue deux avant-projets de loi, l'ordonnance portant code de procédure pénale et l'ordonnance portant code pénal, qui maintiennent la peine capitale dans le droit pénal. Deux ans auparavant, Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, s'était interrogé, lors d'une conférence de presse, « à quoi bon rendre des sentences qui ne seront pas exécutées ? ». « Nous n'avons pas cessé de demander l'abolition de la peine de mort », indique Boudjemâa Ghechir. Pour sa part, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) regrette que « la société ne répond pas pour nous éloigner de cette pratique barbare, il faut développer tout une campagne ». Actuellement, une commission travaille au niveau de la LADDH sur la question pour préparer un rapport général contre la peine de mort. La LADDH est également en contact avec un réseau international militant pour l'abolition de la peine capitale. « Mais nous avons des difficultés à amarrer l'Algérie au mouvement mondial d'abolition », déplore le président de la LADDH. Quant au jugement en soi des deux jeunes de Bordj Bou Arréridj, M. Zehouane nuance : « Il y a une différence entre rendre un jugement et rendre justice. »