La troisième assemblée générale de la Conférence maghrébine des responsables d'établissement de l'enseignement supérieur (Comares), membre de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), s'est ouverte hier à l'hôtel Poenix d' Oran. Créée à Tunis en 2014, à l'initiative du bureau Maghreb de l'AUF, la Comares en est à sa troisième assemblée générale après celle de Marrakech (2015), mais celle d'Oran a un caractère électif car un nouveau bureau sera élu aujourd'hui. Lassaad El Asmi, président de l'université de Carthage, qui dirigeait jusque-là la Conférence, cédera sa place à une personnalité universitaire algérienne. «Mettre en place un réseau universitaire, fédérer les compétences autour de thématiques qui intéressent le monde universitaire en privilégiant des actions portés sur l'excellence.» C'est en ces termes que le président sortant a évalué les premiers pas de cette nouvelle instance qui — normal pour un début — doit surmonter certaines difficultés avant d'atteindre un fonctionnement optimal. L'initiative, qui a consisté à créer une espace de mobilité maghrébine au profit des étudiants, est une réalité, même elle n'a pas été concrétisée à 100%. «La communication n'a peut-être pas été suffisante, mais c'est en tenant compte des difficultés qu'on peut aller plus loin», indique M. El Asmi, avant d'évoquer le concours lancé autour de la thématique du développement durable et qui a eu un écho favorable dans les trois pays. Le bureau Maghreb de l'AUF, implanté à Rabat (Maroc), est présidé depuis sa fondation en 2012 par Cristina Robalo-Cordeiro. Celle-ci a, pour l'occasion, présenté les actions menées dans le cadre de la vision «Le français en action au service de la connaissance» et les objectifs visés pour l'harmonisation universitaire du Maghreb, en favorisant des thématiques consensuelles et propices au partage d'expériences. C'est le cas de l'atelier programmé dans la matinée d'hier, portant l'intitulé «Entrepreneuriat et insertion professionnelle des diplômés». Le problème se pose de manière aigue en Tunisie, selon les intervenants de ce pays, qui ont parlé de «situation alarmante» à cause d'un nombre de diplômés très important et d'offres d'emploi très réduites. Ajouté à cela certains dysfonctionnements qui font que «la carte universitaire s'avère non adaptée avec parfois des aberrations lorsque, dans un environnement agricole, on décide par exemple de se spécialiser dans le textile !» Le président de l'université de Sfax, Rafik Bouaziz, met en avant les mauvais choix stratégiques qui ont eu pour effet d'affaiblir les options technologiques au moment où le pays a plutôt besoin de techniciens, de techniciens supérieurs et d'ingénieurs d'application. Même constat en Algérie avec, selon Latreche Mohamed El Hadi de l'université de Constantine, 250 000 diplômés qui se retrouvent annuellement sur le marché du travail sans perspectives réelles. Il considère qu'au-delà des promesses d'embauche que permet théoriquement le diplôme universitaire, c'est le développement d'une autre mentalité, basée sur la prise de risque et la volonté de créer des entreprises, qui fait défaut en Algérie. Pour Nacera Benharrat, rectrice de l'USTO, «le dialogue tourne au monologue car les opérateurs économiques refusent de venir vers nous malgré les appels et les possibilités de développement dont nous disposons». Entrepreneuriat Au Maroc, la situation est sans doute semblable, mais certaines initiatives peuvent servir de modèle. Selon Ihya Aït Ichou de l'université d'Agadir, dans le domaine de l'écodéveloppement, une expérience a été tentée ; elle consiste à mettre en place un bureau qui accueille des étudiants, fraîchement diplômés ou pas, mais qui ont un petit projet en tête. Il s'agit de les assister par des ingénieurs confirmés qui les suivent et sont en mesure de résoudre les problèmes qui entravent la concrétisation de leurs idées. Un atelier sur la coopération maghrébine était programmé pour l'après-midi d'hier. Hamid Bouabid, de l'université Mohammed V de Rabat, devait établir une cartographie de cette coopération, mais il n'était pas présent. Une table ronde sur un ensemble de thématiques liées à la recherche, à la mobilité et aux bonnes pratiques que devait animer Larbi Chahed de l'université d'Oran a pour sa part été maintenue.