La décision d'ouvrir en nocturne le parc d'attractions ne semble pas décider les Algérois à s'y rendre. Ils ne se bousculent pas au portillon. En atteste, à en croire les employés, le nombre de billets vendus : c'est à peine si 100 personnes visitent le parc en ces nuits de Ramadhan. Bien qu'un disc-jockey ait été loué à l'occasion de ces soirées, rien n'y fit. Quelles en sont les raisons ? Le mal dont souffre le plus le parc d'attractions est « le manque d'investissement public », vous rétorqueront ses employés. Lesquels ne ménagent pas la nouvelle direction qui ne semble pas, selon eux, faire trop cas des problèmes que rencontre le parc. « La totalité des projets inscrits sont à l'arrêt et l'on invoque toujours chez nos cols blancs les difficultés de trésorerie, ce qui est loin d'être vrai. D'ailleurs, en plus des légères augmentations des salaires, il a été convenu d'acquérir 12 nouveaux manèges. Ceux existant sont dans un état de délabrement avancé », insistent-ils. Battant le rappel des bonnes volontés, les syndicalistes d'entreprise soupçonnent les responsables « en haut lieu » (ministère) de vouloir brader cet espace de plus de 300 ha. Les 21 manèges forains ont été acquis en 1978 alors que le parc, lui, a été inauguré quatre ans plus tard. « C'est dire que ces manèges ne pourront plus résister à plus de 30 ans d'activité. C'est le dévouement des employés qui a fait qu'ils fonctionnent toujours », lancent nos interlocuteurs. Le grand huit, grande attraction du public, a été mis à l'arrêt, il y a plus d'une année, sur recommandation de Vérital, une société de contrôle. Des accidents, qui se sont produits et l'état de dégradation avancé dans lequel se trouve le manège, justifient son arrêt immédiat. La société de construction Cosider, sollicitée pour le prendre en charge, a exigé un milliard de centimes, une somme jugée excessive. S'agissant du partenariat avec des sociétés étrangères, les travailleurs expriment leur scepticisme. « A quoi serviront des manèges achetés clefs en main, quand on peut nous-mêmes en installer d'autres, peut-être égal à ceux que nous proposeront ces étrangers », s'indignent les syndicalistes. En témoigne, insistent-ils, la grande roue, avec ses 21 soucoupes, ramenée de la wilaya Tébessa, début septembre. Cela a nécessité le déplacement des travailleurs dans cette wilaya où ils ont travaillé plus de 25 jours, au plus fort de la saison estivale. « Remonter le manège a coûté cher, d'autant que les conditions ne s'y prêtent pas », attestent nos vis-à-vis qui évoquent le projet des deux piscines toujours suspendu. Trois manèges ont été « délocalisés » vers une plateforme située à Oued Romane, mais ne sont toujours pas fonctionnels. Aussi, la salle de jeu, où l'on a trouvé des jeunes se relayant dans les différents jeux, est délaissée. Cette salle, dont une partie a été louée par l'ENTV, ne fait rentrer qu'à peine 2 millions de centimes par semaine, ce qui ne couvre même pas la paie des travailleurs. Par ailleurs, les quelque 470 employés des différentes unités du parc craignent pour leur avenir. « On n'en finit pas de recevoir des promesses. Plus de 45 d'entre nous occupent avec leur famille des baraquements dans le parc. Un programme de relogement nous a été promis par le ministère de tutelle. » Autres personnes « souffrant » de cet état : les concessionnaires. Selon l'un d'eux, pas moins de 150 sont dispersés dans tout le parc. Le loyer ne baissant pas sous la barre des 40 000 da les gênent beaucoup, affirment-ils. Occupant la plus grande partie du parc, la zone zoologique n'en est pas moins délaissée. A en croire nos interlocuteurs, une girafe a été retrouvée morte et des sachets de plastique ont été trouvés dans son estomac. « Les quelque 900 espèces dont recèle le parc sont menacées de disparition faute d'entretien. Le laisser-aller a tué plusieurs animaux et en menace d'autres », indiquent les travailleurs.