Les travailleurs de l'IAP de Boumerdès ont organisé hier matin, pour la deuxième journée consécutive, un rassemblement devant l'entrée de leur établissement. Les travailleurs ont tenu, comme décidé la veille, à exprimer leur colère contre les décisions de mutation d'une centaine d'entre eux, « faites sans avoir associé le partenaire social (l'UGTA) », disent leurs représentants. Si mardi, le dialogue n'a pu avoir lieu parce que « le directeur a refusé » de recevoir les délégués de la coordination syndicale et interdit l'accès aux animateurs de l'union de wilaya de l'UGTA, hier par contre, suite à la venue d'une délégation de la direction générale de Sonatrach d'Alger, le débat a pu se substituer à la confrontation et la crise a été désamorcée. « Il a été convenu de maintenir les mutations et de les rendre effectives dans les délais. Mais cela devait se faire dans la dignité, car le partenaire social devait être associé à la prise de décisions importantes touchant les travailleurs », nous a déclaré le président du conseil et de la coordination syndicale, M. Guedouari. A la Socothyd des Issers, les travailleurs ont aussi observé un arrêt de travail dans ce qui va être une grève illimitée tant ceux-ci se disent « déterminés à poursuivre le mouvement jusqu'à l'aboutissement de notre revendication », laquelle revendication n'est rien moins que le départ pur et simple du PDG. Les travailleurs accusent celui-ci de gérer « très mal » l'entreprise. Ils avancent, pour étayer leur propos, des « cas de fraude comme celui impliquant l'ex-directeur de l'unité de Bordj Ménaïel qui fournissait des membres de sa famille en marchandises sans que les factures ne soient réglées ». Ils en veulent aussi à M. Achaïbou pour être « rancunier envers les travailleurs qui ont suivi, il y a quelques mois, le mot d'ordre de grève et qu'il a sanctionnés ». Et ils lui reprochent surtout de « vouloir privatiser l'entreprise à tout prix ». Cependant, Achaïbou rejette en bloc toutes « ces allégations mensongères » pour parler à son tour d'un « mouvement de grève illégal ». « Quelques individus que nous avions licenciés pour leur agitation puis récupérés pour des considérations sociales et humaines sont à l'origine de cette grève. Ils s'agitent à nouveau parce que le dossier de la privatisation de l'entreprise connaît une nouvelle étape avec le lancement d'une autre consultation bien qu'il est stipulé dans le contrat que tous les droits des travailleurs seront préservés », a dit le PDG.M. Achaïbou déclare également que « certains veulent aussi couvrir des éléments d'une mafia qui sévit dans l'unité, car il y a quelques jours, suite aux investigations de la police, nous avons découvert qu'une femme volait des produits de l'unité qu'elle destinait à des fins douteuses. Nous avons décidé de déposer plainte contre elle et cela a mécontenté ces meneurs qui veulent nous imposer une ‘‘sanction'' de premier degré ». Pour ce qui est des cas de fraude évoqués par les meneurs de la grève, le premier responsable de l'unité souligne que « ceci est une ancienne affaire ». « C'est nous mêmes qui avions déposé plainte lorsque nous avons découvert un trou dans la comptabilité. Les coupables ont été traduits en justice et ont écopé de 2 années de prison ferme. Non satisfait de ce verdict, le procureur a fait appel et l'affaire est programmée pour le 31 octobre », a-t-il dit. M. Achaïbou nous a, en outre, déclaré qu'il a fait constater l'illégalité de la grève par l'inspection du travail et qu'il déposera plainte si les négociations n'aboutissent pas.