En quatre mois seulement, les unités de l'ANP ont éliminé 31 terroristes et capturé 33 autres. Plus de 300 armes de guerre ont été récupérées, 182 casemates détruites et une dizaine de ceintures d'explosifs saisies lors d'opérations antiterroristes, principalement au sud-est du pays, une région confrontée à une lourde menace en raison de sa proximité avec la Libye, transformée en une immense armurerie à ciel ouvert et en champ de bataille. En moins de 4 mois, les unités de l'ANP ont abattu 31 terroristes, arrêté 33 autres et récupéré un important arsenal de guerre composé de plus de 300 pièces. Des kalachnikovs, des lance-roquettes, des missiles antiaériens, mais aussi des mines antichar, des bombes prêtes à l'utilisation et des quantités impressionnantes de grenades ont été découverts pour la plupart dans le sud-est du pays, notamment à Ouargla. Une région qui s'illustre, ces derniers mois, par des saisies d'armement plus importantes les unes que les autres. La dernière remonte à dimanche : 124 armes, dont 108 pistolets automatiques, 6 fusils mitrailleurs, 4 lance-roquettes et 4 fusils à lunette, ainsi que d'énormes quantités de munitions, grenades, roquettes et obus de mortier. Cette opération est la deuxième du genre depuis le début de ce mois dans cette région frontalière avec la Tunisie et la Libye. Le 5 avril, les forces de sécurité ont découvert une cache d'armes contenant un mortier de calibre 60 millimètres, une mitrailleuse 14,5 mm, une autre de 12,7 mm, 44 obus de mortier ainsi que 2560 balles de différents calibres, alors que quelques jours auparavant à Guemmar, les militaires ont découvert un arsenal de guerre dissimulé dans une cache, contenant un fusil mitrailleur FMPK, 17 charges propulsives pour RPG-7 et un chargeur de munitions pour pistolet-mitrailleur de type kalachnikov. Selon des sources sécuritaires, ces armes sont pour la plupart neuves, mais mêlées à des pièces déjà utilisées qui, en majorité, proviennent de Libye et à un degré moindre des pays du Sahel, notamment du Mali et du Niger. Selon nos sources, de nombreuses armes saisies par les militaires auraient été achetées en Libye auprès des factions islamistes, par l'intermédiaire de trafiquants qui ont pignon sur rue dans la capitale libyenne. Ces mêmes factions, qui entretiennent des relations assez étroites avec non seulement AQMI, mais aussi Daech, disposent aujourd'hui d'un armement de guerre aussi diversifié que sophistiqué. Des sources sécuritaires expliquent que «ces armes ont dû être achetées par un groupe terroriste algérien qui les a acheminées jusqu'en Algérie, sans pouvoir les emmener plus loin. Ils ont commencé par ramener de petites quantités, entreposées dans différentes caches non loin de la frontière, en attendant de les acheminer vers leur destination finale, qui peut être le nord du pays, ou tout simplement leur utilisation pour une opération terroriste dans le Sud». Mais de quelle action s'agit-il ? «Nous n'en savons pas grand-chose pour le moment. Ces saisies ont été opérées à la suite d'informations données par des citoyens, mais aussi par des terroristes arrêtés.» Le général à la retraite Abderrazak Maiza nous donne une autre lecture. Pour lui, la saisie de ces quantités d'armes démontre «l'incapacité» des groupes terroristes à approvisionner les maquis terroristes du nord du pays. «Ces armes sont destinées aux groupes qui agissent au nord du pays. Les terroristes ont de grandes difficultés à approvisionner leurs acolytes, qui sont visiblement en manque. Le dispositif mis en place pour protéger nos frontières donne des résultats probants. Avant, ils passaient par le Sud, traversaient de nombreuses régions avant d'arriver au Nord sans être repérés. Aujourd'hui, il leur est difficile de passer sans être signalés ou tout simplement localisés par des moyens de surveillance aérienne de plus en plus sophistiqués. Ils ne peuvent pas créer des maquis en plein désert où ils sont à découvert. De plus la population du Sud leur est hostile», explique le général Maiza. Selon lui, le convoyage de ces armes ne s'est pas fait par des moyens roulants «qui sont facilement repérables grâce à la technologie. Les terroristes ont dû utiliser des moyens plus traditionnels comme les chameaux pour les acheminer jusqu'en territoire algérien et les cacher dans des endroits proches de la frontière». Notre interlocuteur ne croit pas à l'implantation de Daech dans cette région du pays. «Daech ne peut exister que dans des zones où règne le chaos. Or, au Sud, aussi bien les Touareg que les autres communautés ont de tout temps constitué un rempart contre l'anarchie. Un attentat au nom de Daech, c'est possible. Des centaines d'Occidentaux faisant partie de cette organisation et qui ne sont pas fichés ont quitté l'Irak et la Syrie pour une destination inconnue. Qui nous dit que parmi eux certains ne viendraient pas en Algérie comme touristes avant de passer à l'action ? C'est une hypothèse plausible, mais pas celle de l'implantation de Daech au Sud. De plus, il faut reconnaître que l'armée maîtrise le terrain. Elle a bien déjoué une attaque terroriste contre un site pétrolier à In Amenas. Les terroristes n'ont même pas pu approcher de la base, ce qui est important à relever», souligne le général à la retraite. Entre les avis alarmistes des uns et ceux rassurants des autres, il n'en demeure pas moins qu'une menace inquiétante pèse sur le pays en général et sur l'armée en particulier. La mobilisation des troupes et des moyens dont elles sont dotées ont un coût assez élevé qui sera inévitablement revu à la baisse en raison de la crise financière. Une situation qui appelle à une profonde réflexion sur la stratégie de défense nationale aussi urgente que nécessaire, et à un débat au sein de la société sur les enjeux autour desquels des guerres sont menées à nos frontières.