En matière d'investissement dans le secteur des énergies renouvelables, il faut dire que les initiatives, en dehors de Sonelgaz, restent peu nombreuses, même si l'on compte quelques projets dans la fabrication des panneaux photovoltaïques. Ces derniers se comptent cependant sur les doigts de la main (usine de Rouiba Eclairage, usine d'ENIE Solar à Sidi Bel Abbès, usine d'Aurès à Batna, usine de Condor Electronics de Bordj Bou Arréridj). Le groupe Condor est sans doute le plus ambitieux dans ce domaine. Il a inauguré en 2014 une unité de fabrication des panneaux photovoltaïques d'une capacité de 75MW par an, l'usine photovoltaïque de Condor. «On a alloué un important montant que nous n'avons pas encore consommé en entier. Ça s'est fait avec l'aide des Chinois», explique Boualem Benhammada, assistant du Directeur général, expert en industrie. «Nous n'intervenons pas sur l'ensemble de la chaîne de valeur, mais uniquement sur une étape pour un taux d'intégration de 20%. Si on avait un plan de charge important, on pourrait atteindre les 80%». «Sans plan de charge, ce n'est pas rentable. C'est coûteux de faire une usine verticalement intégrée». «Nous ne recevons aucune aide de l'Etat, hormis la loi qui existe sur le tarif d'achat garantie.» Quant au projet de centrales, Condor a prévu un projet de réalisation d'une centrale solaire PV de 2MW à Dahissa (Bordj Bou Arréridj) sur un terrain acquis par Condor dont l'étude d'engineering (étude de faisabilité) a été réalisée au mois d'avril 2015. Le dossier a été déposé auprès de la CREG. «Nous attendons sa réponse», indique Boualem Benhammada. L'entreprise cherche encore des partenaires pour se lancer dans ce projet. L'autre projet concerne la réalisation d'une station solaire de 1 MW en partenariat avec le CDER. Initialement prévue à Boughezoul sur le terrain de ce dernier, le projet serait finalement relocalisé à Ghardaïa, notamment en raison du potentiel solaire de la région, précise notre interlocuteur. Pour l'heure, la convention de partenariat et de collaboration scientifique et technique a été signée avec le CDER et une 1re séance de travail a été tenue au CDER au mois de septembre pour la constitution de l'équipe de projet. «Au vu du potentiel de l'Algérie, investir dans les ENR est intéressant et jouable», estime Boualem Benhammada. Certains chefs d'entreprise rencontrés en marge d'une conférence algéro-allemande sur les énergies renouvelables remettent cependant en question l'engagement de l'Etat, se plaignant notamment des difficultés d'accès au foncier et de l'absence d'aide financière. Pour concrétiser le programme à l'horizon 2030, «des préalables doivent être réunis, à savoir l'accès au foncier, la disponibilité de ressources financières, car il s'agit de projets capitalistiques, et enfin les études des potentiels solaires et éoliens», insiste Chahar Boulakhras qui cite également le développement d'un tissu de PME industriel autour des EnR pour la fourniture des accessoires et autres composants qui peuvent être fabriqués localement. Mourad Ouadah, président de la Commission EnR et efficacité énergétique au sein du Forum des chefs d'entreprise affirme que le problème du foncier ne se pose pas car «nous avons plein d'offres de terrain dans le Sud», mais il pose pourtant d'autres problèmes. Volonté politique, sécurité administrative, les prix, etc. sont autant de points sur lesquels les pouvoirs publics doivent faire des efforts, selon lui. «Il faudra réaliser 1000 MW par an si on veut atteindre les objectifs de 2030, mais on ne réussira pas si on n'intègre pas le privé», dit-il, précisant qu'une dizaine d'opérateurs économiques sont actuellement en train de préparer des projets dans ce domaine. Il faut que la réglementation en vigueur prévoit des tarifs d'achat garantis pour 20 ans pour les producteurs d'énergie renouvelable, mais seulement pour les installations en photovoltaïque et en éolien. D'où l'appel lancé par certains opérateurs d'élargir cette mesure aux autres filières de productions d'EnR. Pour l'heure, les filières ne bénéficiant pas des tarifs d'achat garantis sont censés être financées à hauteur d'au moins 50% du coût d'investissement par le Fonds national des énergies renouvelables et cogénération (FNERC), alimenté en partie par la redevance pétrolière. D'ici là, l'Algérie envisage le développement d'autres sources de production d'énergie électrique. Saleh Khebri a déclaré que l'énergie électronucléaire prendra toute sa place dans le mix énergétique du pays à l'horizon 2030-2035.