Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a mis en exergue, samedi, lors de l'inauguration de l'Institut national de formation spécialisée des corps spécifiques de l'administration des affaires religieuses et des wakfs d'Illizi, le rôle primordial de la formation dans le développement de vraies valeurs de wassatia et de tolérance au sein de la société algérienne. Votre département ministériel a entamé un travail colossal en matière de formation des imams en vue de développer un discours de tolérance et de modération au sein de la société ; pouvez-vous nous parler de votre stratégie ? Le constat est que l'Algérie est en train d'immuniser son espace cultuel et confessionnel. Durant les années 1990, nous avions des bénévoles qui venaient vers la mosquée, orientaient les fidèles et se ressourçaient auprès de certaines idéologies externes appartenant à des mouvements islamistes, cela a conduit l'Algérie vers le chaos et le terrorisme. Nous avons entamé un effort conjugué de déradicalisation. La lutte contre le terrorisme par les services de sécurité est conjuguée à une œuvre de référence, c'est le pacte pour la paix et la réconciliation nationale. L'application de ce pacte a offert aux Algériens une meilleure entente et une meilleure prédisposition pour un dialogue rationnel. C'est là qu'intervient le ministère des Affaires religieuses pour déradicaliser dans une première phase et prévenir contre l'extrémisme en deuxième lieu. Concernant la 1re phase, nous avons constaté qu'une grande majorité de ceux qui dirigent la mosquée, les auxiliaires de mosquée, ne sont pas formés. On embauche un gardien de mosquée auprès de ceux délégués par le maire, généralement ce sont des gens démunis, sans formation, et en cas d'absence de l'imam, celui-ci peut diriger la prière (un externe qui dirigeait la prière). C'est un agissement que nous avons banni de nos mosquées. Nous avons imposé la formation des imams et de tous les auxiliaires de mosquée à partir du gardien jusqu'au muezzin, le maître coranique, l'imam qui dirige la prière collective, l'imam professeur qui dirige les prêches et l'ensemble des cadres de la mosquée. Ils sont tous impérativement formés, encore mieux, ils sont soumis au perfectionnement permanent et à l'actualisation des connaissances en vue de faire face au défi actuel qui est justement l'invasion externe du radicalisme, de l'extrémisme et de l'extrémisme violent. Actuellement, nos imams sont les meilleurs en Afrique. Je peux vous le dire parce que je le constate via les guides que je reçois de la part des chancelleries et des ambassadeurs. L'Algérie est actuellement l'école de référence en matière de déradicalisation et en matière de prévention contre la radicalisation, cela passe par la formation fondamentale en premier lieu qui se ressource dans le référent religieux national à partir duquel nos ancêtres et aïeux imams apprenaient la religion. Ces mêmes méthodes qui se pratiquaient par nos aïeux et nos ancêtres savants dans la jurisprudence sont actuellement imposées dans nos établissements de formation. Vous avez mis en relief la portée nationaliste de la formation. Qu'en est-il précisément ? La portée nationaliste et patriotique est une caractéristique majeure dans la formation des imams. Mais aussi la formation préparatoire pour ceux qui nous viennent de l'université. Nous avons constaté que les universités sont actuellement, elles le sont toujours, le théâtre d'un combat idéologique dans lequel il y a la présence déclarée des prosélytismes chiite, chrétien, sioniste, de radicalisme, et c'est pourquoi nous soumettons tout détenteur de licence en sciences islamiques à une formation préparatoire au bout de laquelle nous jugerons s'il est apte ou pas à diriger la prière dans la mosquée. C'est la démarche algérienne, la technicité de l'Algérie, une expérience à partager avec fierté. Les populations des communes de Bordj Omar Driss et Bordj El Haouès, situées respectivement à 700 et 200 km d'Illizi, veulent la construction d'écoles coraniques modernes car elles sont limitées à quelques classes vétustes... J'ai été aimablement invité par les citoyens de la commune de Bordj El Haouès, cette partie très chère de notre pays, que j'ai visitée durant mon périple, et je me suis engagé auprès du wali et des autorités locales à prendre en charge les structures et œuvres de l'enseignement coranique ainsi que les structures qui accompagnent la vie cultuelle. On procédera de façon technique, moderne et on va établir des fiches techniques qui vont être soumises au wali et à l'APW pour en débattre et interpeller notre ministère pour intervenir en matière de subventions, d'encadrement et de documentation.