Côté potentialités humaines, la gymnastique locale va très bien, même si côté infrastructures, Skikda accuse des années lumières de retard. Le palmarès de cette pratique sportive est plus qu'éloquent ; la moitié, presque des champions d'Afrique a souvent été originaires de Skikda. L'équipe nationale de gymnastique artistique est entrainée par Hakim Othmani, l'ancien champion d'Afrique, originaire lui aussi de cette même ville. Cette même équipe nationale compte deux athlètes de Skikda, Maouej Anis, 20 ans et Menighed Meriem, 19 ans. Même dans la catégorie jeunes, Skikda compte d'autres champions d'Algérie ; Sidra Sedhane, la benjamine de 10 ans, qui a glané la médaille d'or aux derniers championnats d'Algérie, suivie de son amie Boukhatem Fatima-Zohra,qui a décroché la seconde place sur le podium. Ces jeunes champions, on les voit presque chaque jour s'entraîner dans la salle de gymnastique de la cité Merj-Eddib. Enfin, un semblant de salle. C'est plutôt une petite chaumière où s'entassent, les week-ends surtout, une cinquantaine de petits gymnastes. Il suffit de voir l'entrée des lieux pour deviner la désolation qui caractérise cette salle. «C'est plus que navrant. Les gosses, surtout ceux non accompagnés de leurs parents, sont obligés de parcourir plus de 300 m dans la gadoue pour parvenir à leur salle. Plus grave encore, ces lieux ne disposent même pas de l'éclairage public» témoignent des parents. A l'intérieur de la salle, plus de 40 bambins s'adonnent à leur sport favori. L'ambiance joviale cache cependant mal l'exiguïté des lieux. Des parents, alignés sur des chaises contemplent leur progéniture. «Nous sommes conscients que par notre présence nous empiétons sur un espace déjà assez réduit de la salle, mais les lieux ne disposent même pas d'un coin où nous pourrions attendre nos enfants» explique un autre parent. Les deux clubs de gymnastique de la ville qui se relayent sur la salle avaient à maintes fois proposé à ce qu'on aménage un coin près de la salle pour que les parents puissent éviter les averses et les coups de soleil mais cela demeur un vœu pieux. Tout comme la demande exprimée par les responsables de club concernant l'extension de la salle. «L'espace ne manque pas. On pourrait facilement procéder à une extension des lieux pour nous permettre de travailler dans de bonnes conditions» estime un des dirigeants du Féminin club de Rusicade (FCR) qui renferme la majorité des champions locaux. -L'exiguïté de la salle a fini par contraindre les dirigeants des clubs à recourir au système D pour pouvoir exercer. «On ne peut même pas apprendre convenablement à nos jeunes gymnastes le travail au sol vu qu'on ne dispose pas d'assez d'espace pour étendre le tapis. Ils s'entrainent sur la moitié du tapis réglementaire et quand on se déplace pour des compétitions, ils trouvent souvent des difficultés à exécuter le programme appris sur un tapis plus large et perdent ainsi leur repères» reconnaît un des entraineurs. D'autres reviennent sur le manque de matériel pédagogique. «On ne dispose même pas de fosses qui sont indispensables dans l'apprentissage» rajoutent-on. Approché, l'entraineur Hakim Othmani s'est montré assez optimiste «En dépit des manque nous continuons à travailler et à être présents sur la scène nationale. C'est vrai qu'il y a beaucoup de manques mais nous gardons espoir avec l'arrivée de la nouvelle directrice de la jeunesse et des sports. On a eu à assister à des rencontres avec elle et nous avons sentis en elle une grande disponibilité à nous apporter son aide. Nous restons confiants et nous continuons à travailler». Puisse cette note d'espoir se consolider pour le grand bien d'une discipline qui offre à Skikda de grands champions et à laquelle, on n'a pas assez donné.