Il a été victime d'un attentat, ce jeudi soir. Mortellement atteint, Rabah Aïssat a rendu l'âme, hier, vers cinq heures du matin. Le président de l'APW de Tizi Ouzou, M.Rabah Aïssat, a été assassiné, jeudi 12 octobre vers 20h, par un élément terroriste. C'est donc dans un café de la petite ville d'Aïn Zaouia, alors qu'il était attablé avec des amis pour une partie de dominos, qu'Aïssat a été interpellé par un jeune inconnu, dit-on. Une fois que l'interpellé a confirmé être bien le président de l'APW, l'inconnu tire une balle de kalachnikov et atteint Aïssat à l'épaule gauche. Ecroulée à terre, la victime a encore reçu, en plusieurs endroits du corps, et notamment à l'abdomen, plusieurs balles tirées à bout portant. Une fois son terrible forfait accompli, l'assassin s'éclipse du côté de la cité, sans doute pour rejoindre le massif forestier de Boumahni. Transféré de toute urgence à l'hôpital de Draâ El Mizan, Rabah Aïssat devait rendre l'âme vers 5h, après une lutte contre la mort de plus de huit heures. Les amis, les militants du FFS et les djounouds stationnés à Draâ El Mizan ainsi que les autres membres des services de sécurité ont participé à cette course contre la mort en offrant leur sang. Aïssat est du groupe B positif, un groupe assez rare. En fait, la victime a reçu, selon des sources, 41 flacons de sang, en vain! Selon des observateurs, le criminel ne devait pas être seul, même s'il a préféré avancer seul vers sa victime, les autres membres du groupe assassin devaient, disent les gens de la région, être cachés pas trop loin afin d'intervenir, le cas échéant, et ainsi couvrir l'homme des sales besognes. Pour preuve de leurs assertions, ils disent que «l'assassin, une fois son crime accompli, se retira sans donner l'impression d'avoir peur». Il y a lieu de signaler, en outre, que trois citoyens attablés dans le même café ont été légèrement blessés. Ils devaient être transférés à l'hôpital de Boghni où ils ont reçu les premiers soins. L'on a appris, également, qu'une équipe du Samu, dépêchée sur les lieux depuis Tizi Ouzou, devait se rendre à Aïn Zaouia en empruntant la Route nationale n°25, menant de Tizi Ouzou vers Draâ El Mizan. Fort heureusement, l'équipe sanitaire aurait été avertie qu'un faux barrage était dressé sur cette route dans l'intention, sûrement, d'ajouter au carnage! Il a ainsi fallu que cette équipe s'en retourne sur ses pas et passe par les Issers. Immédiatement avertis de l'acte perpétré sur Aïssat, les militants du FFS, le secrétaire fédéral en tête, et après avoir touché la direction nationale du parti, se portèrent sur les lieux et certains ont suivi la victime à l'hôpital de Draâ El Mizan. Le premier secrétaire, Ali Laskri, devait être sur place, dès hier matin. Les présents furent rejoints peu après par les chefs de daïra de Boghni et de Draâ El Mizan ainsi que par les membres de la direction du FFS, partis depuis Alger. Outre les présidents des APC environnantes, les chefs des daïras de la région et le wali qui, très certainement, ira se recueillir sur le corps du président de l'APW, qui avait eu le don de cultiver, au-delà des différences de visions politiques, des rapports de respect et d'amitié avec le premier responsable administratif de la wilaya. Feu Aïssat était père d'une famille nombreuse qui comptait sept enfants, le défunt avait 61 ans. Ex-professeur de mathématiques au lycée Ali-Mellah, ex-proviseur du technicum de Boghni, il savait faire la différence entre ses engagements partisans et son métier d'enseignant et a laissé le souvenir d'un pédagogue averti. Ayant rejoint le FFS, il fut élu maire de la commune d'Aïn Zaouia avant d'être choisi par ses pairs comme président de l'APW de la wilaya, à la faveur du scrutin du 10 octobre 2003. Il sera réélu lors des partielles du 24 novembre dernier. Habitant toujours son village d'Aïn Zaouia, le défunt avait, il nous le disait un jour, refusé de déménager à Tizi Ouzou. De jour comme de nuit, il était sur la route et refusait de céder au sentiment de peur qui envahissait les gens qui empruntent le CW128 ou encore la RN25. Homme d'une compétence avérée et homme de coeur, il s'en est allé victime de cette guerre, que tout le monde veut croire tirer à sa fin! Il faut dire que l'axe Draâ El Mizan-Aïn Zaouïa-Boghni et au-delà vers les Ouadhias, soit le sud de la wilaya, est de nouveau entré dans l'ère de la peur avec cette nette recrudescence des actes terroristes. Déjà, mercredi dernier, et à Boghni, distante d'Aïn Zaouia d'environ 7km, un attentat terroriste avait ciblé une patrouille de police faisant un mort et plusieurs blessés. La région est depuis sous le choc et, avec cet assassinat, est carrément entrée dans la zone de la peur et de l'angoisse. L'assassinat du président de l'APW rappelle les moments les plus durs du terrorisme, et la population prie pour que les choses n'empirent pas. Tôt hier matin, les massifs forestiers de Boumahni et les maquis des environs ont été la cible de tirs de l'artillerie, mais l'on ne sait pas si les forces de l'ordre ont opéré des sorties de nuit sur le terrain. L'enterrement de la victime aura lieu aujourd'hui à Aïn Zaouia.