Comment vivre mieux sans consommer plus d'énergie avec de plus en plus de produits connectés ? La question a été au centre de l'Innovation Summit 2016 organisé à Paris, au début de ce mois, par le groupe Schneider Electric, spécialiste de la gestion de l'énergie et des automatismes. Le thème principal de l'événement était «Vivre et travailler en 2030». Une échéance qui verra beaucoup de bouleversements aussi bien sur le plan de la consommation énergétique que de la connectivité des objets et des personnes. On estime que dans les cinq prochaines années uniquement, il y aura 20 fois plus d'appareils connectés que de personnes dans le monde.
Des chiffres, il y en a eu beaucoup au cours de ce sommet, de quoi dresser un tableau des défis qui devront être relevés dans les 15 prochaines années et au-delà. Avec 2,5 milliards d'humains en plus sur Terre au cours des 25 prochaines années, les villes seraient plus intelligentes et plus efficientes. Aujourd'hui, les immeubles consomment plus de 50% de l'énergie électrique dans le monde et cela risque d'augmenter de 80% dans les 25 prochaines années. Or, seulement 18% d'efficacité énergétique est actuellement atteinte sur ces constructions, 82% reste donc à atteindre, selon les données communiquées par les représentants de Schneider Electric Un potentiel énorme, a fait remarqué Jean-Pascal Tricoire, PDG du groupe. Le secteur du bâtiment est d'ailleurs l'un des quatre domaines clés sur lesquels mise Schneider pour développer ses produits et solutions, aux côtés de l'industrie, de l'IT et des infrastructures. «Nous avons la possibilité de recréer le futur», a affirmé Jean-Pascal Tricoire en insistant sur la nécessité de prendre en compte l'aspect environnemental dans les efforts en matière de gestion de l'énergie. «Les besoins énergétiques vont augmenter alors qu'il faut diviser les émissions de CO2 par deux dans les 40 prochaines années. La seule solution est l'amélioration de l'efficacité !» Les gains à réaliser sont immenses, car on estime qu'outre le bâtiment, le potentiel d'efficacité énergétique à atteindre est encore de près de 60% dans le secteur de l'industrie et de 78% dans celui des infrastructures. L'efficacité est une conditions sine qua non à une consommation pérenne de l'énergie quand on sait que 1,3 milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité et que plus de 2 milliards n'ont pas accès à l'énergie. La manière dont la consommation énergétique se fait aujourd'hui n'est pas «durable», soutient Jean-Pascal Tricoire. Le défi est notamment d'avoir des bâtiments «pensés différemment aujourd'hui, afin d'être plus sûrs, plus connectés, plus efficaces et plus durables». La solution passe donc par l'innovation et par les objets connectés, plaide-t-on chez Schneider Electric. Encore faut-il avoir les moyens et la volonté d'investir dans cette efficacité. Volonté Dans le cas de l'Algérie, le plan d'action en matière d'efficacité énergétique prévoit plusieurs actions, dont l'introduction de l'isolation thermique des bâtiments pour réduire d'environ 40% la consommation d'énergie liée au chauffage et à la climatisation des logements. Le bâtiment est le secteur le plus énergétivore avec une consommation de plus de 42% de la consommation finale. Mais l'entreprise s'avère très difficile. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Teboune, a admis récemment que face à l'urgence de régler le problème du logement, il était difficile d'intégrer les normes d'efficacité énergétique dans l'ensemble des programmes publics du fait de leur coût élevé. «Il est possible d'intégrer les normes d'efficacité énergétique dans les programmes du logement promotionnel public, mais il est difficile de les intégrer dans les autres programmes qui visent la réalisation d'un nombre important de logements à des prix subventionnés et symboliques parfois», a indiqué M. Teboune. Il a précisé que les logements à haute efficacité énergétique coûtent jusqu'à 25% plus cher que les logements ordinaires. Autant dire que pour les villes intelligentes, il faudra attendre longtemps. «On est encore loin du concept des smart cities. Ce n'est pas encore d'actualité», estime Imed Bourega, vice-président Business Development and Global Solutions chez Schneider Electric. «Sonelgaz a lancé des projets où Schneider fournit des systèmes qui permettent d'avoir une gestion centralisée de toutes les installations, mais on est encore au stade embryonnaire», reconnaît-il. Balbutiement Aujourd'hui, «le smart grid, c'est la tendance. Sonelgaz ira vers ça aussi», affirme Imed Bourega. Les smart grid sont des réseaux électriques intelligents utilisant les technologies IT pour optimiser la gestion du réseau électrique en ajustant notamment les flux d'électricité entre l'offre et la demande et en réduisant les risques de panne. Pour le cas de Sonelgaz, le retard serait dû à des considérations financières. «Il faut avoir de l'argent pour investir et Sonelgaz n'a pas aujourd'hui ces budgets», indique-t-il. Pour Jean-Pascal Tricoire, les solutions technologiques existent dans le monde, mais «on traîne les pieds», alors que l'efficacité énergétique est un investissement qui s'amortie en 3 à 5 ans. Le problème est aussi une question de volonté politique, y compris dans les pays développés. Selon le patron français, «en France, 50% des bâtiments sont détenus par le gouvernement et il ne sont pas les plus efficace énergétiquement.» Schneider, qui consacre 5% de son chiffre d'affaires annuel (soit près de 1.5 milliard d'euros) à la recherche et développement, a saisi l'occasion de l'Innovation Summit pour faire étalage de ses nouveaux produits et solutions allant dans le sens de l'efficacité énergétique et de la gestion des villes intelligentes.